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LA MILLE ET UNIEME NUIT (Froissard/Le Roux)

“Les histoires sont comme les nuages ou l’océan: semblables sans se répéter, jamais…”. La constatation de Shéhérazade vaut aussi bien pour les histoires qu’elle raconte, soir après soir, au sultan Shariar pour rester en vie (après que sa femme lui ait été infidèle, il s’est juré d’épouser chaque soir une femme différente et de l’étrangler au petit matin…) que pour le livre, Les mille et une nuits, dont elle est l’une des héroïnes. Adapté à de nombreuses reprises, et encore très récemment, de façon brillante, par David B. dans un diptyque (Hâsib et la reine des serpents) paru chez Gallimard, il renaît ici sous le stylo de Le Roux et les crayons de Froissard.
Et l’on se replonge avec plaisir dans cet univers romantique oriental (il faut charmer, par sa beauté et par son éloquence, pour survivre…) mais aussi terriblement violent et cruel où les rois comptent bien disposer de la vie d’autrui à leur guise. Les 2 atouts de  ? Assurément le travail graphique de Froissard, que l’on découvre ici, évocateur et enchanteur, avec son dessin au crayon rehaussé d’une très belle mise en couleur, qui rappelle par moments les œuvres de Jean Dytar. Et la volonté de Le Roux de jouer avec la construction narrative même (un récit gigogne) du livre puisque le sultan Shariar finira par faire partie, sans s’en rendre compte, de l’histoire que Dinarzade (la sœur de Shéhérazade priée de la remplacer au pied levé un soir lorsque celle-ci, fatiguée par sa grossesse, fut dans l’incapacité de remplir sa tâche habituelle) lui raconta. Celle de Nasrudin et sa famille, victimes de la colère vengeresse de Lilith, la femme du roi Salomon (qui leur avait offert l’hospitalité alors qu’ils étaient perdus dans le désert), qui transforma son fils Akim en singe et sa femme Zorah en âne quand cette dernière la frappa en la surprenant en train de séduire son mari. Envoûtant. Et, cerise sur le gâteau, l’édition, comme souvent avec le label Métamorphoses, est superbe !

(Récit complet – Métamorphoses)