C’est un Aimé Clouzeau un peu plus sûr de lui que l’on retrouve au début de ce tome 2. Et pour cause, 5 années se sont écoulées depuis la fin du tome 1. Entre temps, la guerre a éclaté et le Quai des orfèvres est passé sous commandement allemand. Ce ne sont maintenant malheureusement plus seulement de simples affaires de mœurs qui occupent l’inspecteur principal Séverin et son équipe car bientôt c’est la rafle du Vel d’Hiv que l’Oberkommandant Oberg va leur demander de l’aider à mener à bien…Pourtant, Grand puma, le grand chef indien qu’Aimé voulait devenir quand il était petit, est encore là, présent quelque part dans son cœur, prêt à bondir à tout instant…
On commence désormais à bien le cerner, Zidrou, qui aime faire pencher ses récits du côté de la vie. Même au milieu des ténèbres les plus sombres de ses histoires, un petit filet de lumière parvient à percer. Un petit filet d’amour, de poésie ou d’humanité. C’est une nouvelle fois le cas dans “La mondaine” qui voit son héros, Aimé, traverser des épreuves on ne peut plus terribles : la folie de son père (un curé, défroqué quand il a mis enceinte sa mère…), le “meurtre” de ce dernier par sa propre mère, les horreurs de la guerre, son impuissance (et même pire, sa passivité) face à la solution finale allemande mais qui, pourtant, parvient à garder espoir en s’accrochant à ses rêves d’amour et de liberté. Des rêves personnifiés par Eeva, une effeuilleuse sensuelle et sauvage qu’il avait arrêtée et qu’il ne parvient pas à oublier.
“La mondaine” est un récit une nouvelle fois des plus attachant qui parle, sur fond de poèmes de Prévert, des renoncements –petits (comme laisser sa mère être internée pour étouffer l’affaire du meurtre de son père) ou grands (participer, même passivement, à des actes de barbarie, comme la rafle du Vel d’Hiv)- que la société, la religion ou tout simplement la vie nous imposent parfois tout en appelant à tenter de rester soi-même, libre. De la très belle ouvrage.
(Diptyque/Dargaud)