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LA NUIT DES TEMPS (de Metter, d’après Barjavel)

BD. Alors qu’elle mène une mission en Antarctique pour tenter de sauver l’Humanité du réchauffement climatique, une équipe française fait une découverte incroyable : à plusieurs kilomètres sous la glace, leurs appareils ont détecté un signal provenant d’une construction datant de plusieurs centaines de milliers d’années. Au vu de la découverte, Rochefoux, le chef des expéditions polaires françaises, associe les autres puissances mondiales afin que les moyens suffisants soient octroyés pour creuser un puit gigantesque et accéder au signal. Après des semaines de travail d’arrache-pied et plusieurs tentatives pour percer la sphère d’or qui a été dégagée, c’est Simon, le psychologue de la mission, qui est choisi pour y entrer le premier. Il trouve 2 corps, 1 homme et 1 femme, qui ont été cryogénisés. Ramenée à la vie, la femme, Eléa, dont le corps avait été mieux préservé, raconte son histoire. Et celle de son peuple, Gondawa, à la civilisation particulièrement avancée, dont la paix fut bientôt menacée par l’expansionnisme d’Enisoraï…

2,6 millions d’exemplaires vendus à travers le monde depuis sa sortie en 1968 et près de 40 000 qui s’écoulent encore chaque année : La Nuit des temps fait partie de ces classiques qui ont marqué la science-fiction. Rares (comme ça, de mémoire, aucun nom ne nous revient) sont les auteurs de bande-dessinée à avoir relevé le défi d’adapter ce monument. Jusqu’à de Metter qui a accepté la proposition de la jeune maison Philéas. En y mettant probablement une condition : avoir carte blanche, notamment concernant la pagination. Car contrairement aux adaptations précédentes de Philéas qui contenaient une centaine de pages, et se trouvaient, du coup, un peu à l’étroit pour certaines d’entre elles, La Nuit des temps de de Metter en contient presque le double. Et cela change tout. Car cela permet à l’auteur d’avoir les coudées franches pour sa narration et à sa science de l’adaptation d’opérer en toute liberté. Car comme à l’accoutumée (de Metter est un peu un spécialiste en la matière, avec, à son actif, les relectures de Figurec de Fabcaro, Shutter Island de Lehane, Couleurs de l’incendie et Au-revoir là-haut de Lemaître même s’il a aussi beaucoup de créations, No Body en tête, à son crédit) sa Nuit des temps est une grande réussite. Si de Metter a décidé d’actualiser son contexte (l’auteur y a ajouté les enjeux climatiques que nous avons tant de mal à affronter actuellement) et a choisi une conclusion moins désabusée et pessimiste que Barjavel pour que l’intrigue touche davantage le lecteur de 2022, il en a préservé, et l’a même sublimé, par son travail graphique, formidable, qui mêle, comme à son habitude, différentes techniques : feutre, crayons, peinture…, ce qui en fait tout le sel : l’incroyable histoire d’amour d’Eléa et Païkan à travers le temps et sa fin cruelle que l‘on découvre progressivement au fur et à mesure de l’avancée de la mission scientifique de Simon. Sans oublier, bien sûr, la mise en garde de Barjavel (qui a écrit, rappelons-le, son roman, en pleine guerre froide…) à l’Homme qui a un don pour détruire ce qu’il crée et a du mal à retenir les leçons du passé…Un grand roman, magnifiquement adapté, tout simplement !

(Récit complet, 176 pages – Philéas)

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