BD. 1718, dans les Caraïbes. Le bateau pirate du capitaine Sylla a abordé un brigantin de la marine marchande anglaise avec succès. Et comme à son habitude, après avoir décidé du châtiment que son capitaine mérite (il brutalisait les membres de son équipage et rationnait les vivres pour faire des économies…), il laisse le choix aux marins de leur destin : suivre leur capitaine, replonger dans cette vie de labeur et risquer de nouveau le fouet ou alors le rejoindre, lui et ses frères d’armes, risquer de mourir la corde au cou mais en étant libre ! Tous le rejoignent, bien sûr, galvanisés par l’éloquence du discours de Sylla…
Brugeas et Toulhoat ont cette fois (ils ont déjà sorti beaucoup de livres ensemble ; citons la série Block 109 ; Le Roy des ribauds ou Ira Dei…) eu envie de se lancer dans un récit d’aventure, une histoire de pirates ! Avec des capitaines charismatiques tel Sylla, des abordages spectaculaires avec canonnades et corps à corps au sabre, des courses poursuites en mer, des tempêtes également, bien sûr. Mais une histoire de pirates qui rétablirait, aussi, la vérité au sujet de la flibusterie et c’est ce qui distingue clairement La République du crâne de ses voisins de librairie ! On le sait, l’histoire est écrite par les vainqueurs et si les pirates ont mauvaise réputation (on les dit sanguinaires, sans foi ni loi…), c’est parce qu’il a bien fallu justifier la chasse qui leur a été faite et leur extermination, pour protéger leurs intérêts marchands (notamment la traite négrière…), par les anglais, les espagnols et les français. Alors les 2 auteurs rappellent ici que l’on devenait souvent pirate par obligation, parce que l’exploitation des marins par les compagnies marchandes et les brimades des capitaines (qui avaient droit de vie ou de mort sur leur équipage !) les poussaient souvent à se rebeller et à se mutiner…pour être libre et créer une sorte d’utopie (ils savaient très bien qu’ils finiraient la corde au cou…) avec des camarades sur un bateau gagné de haute lutte. Une vie en communauté basée sur l’égalité et le partage qui voyait se mêler anciens esclaves, marins exploités et méprisés, forbans, rêveurs un brin naïfs et aventuriers. C’est tout cela que l’on trouve dans La République du crâne, récit porté par un scénario surprenant et très documenté et un dessin dynamique, particulièrement vivant. Un très bel hommage à ces hommes assoiffés de liberté et de justice. Et d’aventure, qui gonfle les voiles de La République du crâne.
(Récit complet, 224 pages – Dargaud)