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LA REVANCHE Tuominen

ROMAN. Bien sûr, la loi sur le mariage pour tous avait démontré que beaucoup de finlandais n’étaient pas encore prêts à accepter la différence et l’homosexualité (certains débats avaient même été houleux), mais qui aurait pu penser qu’un individu (qui se fait appeler L’Envoyé dans la vidéo qu’il a posté a posteriori sur les réseaux sociaux pour revendiquer son geste) pourrait balancer une grenade dans une discothèque gay de Pori et tuer (5 personnes périrent dans l’attentat) pour s’opposer à l’évolution de la société finlandaise en brandissant la Bible ? Certainement pas Henrik Oksman, inspecteur de police chargé, avec son équipe, d’enquêter sur cet acte terroriste. Pourtant, lui, qui se trouvait justement dans cette discothèque (il portait une robe rouge et venait de partir au bras d’un homme qu’il venait de rencontrer…) encore quelques minutes avant que la grenade n’explose, est bien placé pour savoir qu’intolérance et étroitesse d’esprit empêchent encore beaucoup de personnes d’être qui ils sont vraiment en Finlande…

Artu Tuominen avait certes déjà sorti un roman, remarqué d’ailleurs, intitulé Le serment, mais il fait malgré tout figure de petit nouveau dans l’univers du polar scandinave. Et avec ce deuxième livre, La revanche, il démontre qu’il n’est, justement, pas qu’un auteur de polar. Bien sûr, il connaît et maitrise les ficelles du genre, l’enquête s’avérant accrocheuse (malgré 1 ou 2 facilités) et les personnages (notamment Linda et Paloviita, les collègues d’Oksman) crédibles et complexes comme il faut. Mais Tuominen emmène son histoire bien au-delà, dans les méandres sombres et nauséabonds de l’âme humaine et livre une charge virulente, et enthousiasmante, contre l’intolérance et le fondamentalisme religieux à travers un jeu de miroirs, la belle idée de La revanche, entre L’Envoyé et Oksman, tous deux marqués au fer rouge !, par l’éducation religieuse rigoriste (avec châtiments corporels et brimades à la limite de la torture…) de leurs pères respectifs. Glaçant, même dans la chaleur de l’été, car malheureusement très crédible !

(Roman, 448 pages – Editions de La Martinière)

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