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LA REVOLTE DES TERRES (Koza/Mousse)

Notre homme a-t-il voulu brouiller les pistes ? En tout cas, ne vous y trompez pas, Koza n’est pas un nouveau venu dans le monde de la bd, c’est tout simplement le pseudonyme que Maximilien Le Roy s’est choisi pour signer La révolte des terres. Un nouveau récit dans lequel on retrouve, avec intérêt, l’esprit critique du scénariste, ainsi que son côté engagé et politique. Il y raconte en fait le premier acte de résistance collective à l’occupation nazie. Dans le nord de la France, quand les mineurs de Montigny-en-Gohelle décidèrent de s’opposer aux conditions de travail indécentes imposées par leur patron, français!, et de priver l’occupant allemand (le patron en question avait mis ses mines à la disposition des nazis…) de milliers de tonnes de charbon. Un mouvement de grève réprimé bien sûr dans la violence et par la déportation, organisée par la police française de Pétain, des « fauteurs de trouble » dans un camp de concentration, en Allemagne, à Sachsenhausen. Des fauteurs de trouble dont Ferdinand, pourtant pas vraiment l’âme d’un rebel, faisait partie…
A l’image du magnifique travail graphique de Marion Mousse -des aquarelles de blanc, de noir et de gris- Le Roy livre ici un récit sombre, avec un choix très fort, que la première de couverture, très réussie, symbolise parfaitement: faire un parallèle entre l’exploitation des mineurs par leurs patrons et celle des prisonniers des camps par les nazis. Et en essayant d’échapper aux premiers, beaucoup d’anarchistes et de communistes se sont retrouvés (dénoncés par les patrons…) à servir les seconds. Une période noire de l’Humanité. Dont Koza tire malgré tout des motifs d’espoir. Comme la lutte contre toute forme d’oppression (qu’elle soit capitaliste ou fasciste) qui perdure même dans les moments les plus difficiles et la fraternité. Ainsi, les justes ne sont ici pas toujours ceux que l’on croit et c’est un anarchiste allemand qui vient en aide à Ferdinand dans le camp.
Si on aime les récits de Le Roy, c’est parce qu’ils sont différents et adoptent, avec leur esprit libertaire, un point de vue alternatif. C’est une nouvelle fois le cas avec avec La révolte des terres, qui met un coup de projecteur sur cet épisode méconnu de la seconde guerre mondiale en même temps qu’il rend un bel hommage à ceux qui, de tout temps, se sont élevés contre l’injustice et la barbarie.

(Récit complet – Casterman)