BD. Quand un mathématicien argentin lui a offert un globe terrestre fait d’un matériau nouveau quand il était petit, Shen Yuan a eu une vision : la Chine, son pays et l’Argentine étaient à l’opposé sur le globe, c’est vrai, sauf si l’on creusait un tunnel à travers pour les relier…Une utopie d’enfant qui s’avérerait cependant peut-être réalisable quelques années plus tard quand son père, grâce à une expérience lors d’une explosion nucléaire (les grandes puissances mondiales se sont enfin entendues pour détruire leurs stocks d’armes de destruction massive) souterraine, a inventé un nouvel alliage, incroyablement solide, qui peut résister à toutes les pressions, y compris celles des flux de fer-nickel du noyau terrestre…
9 adaptations (sur les 15 prévues) de récits de Liu Cixin sont déjà sorties et des constantes commencent à émerger de l’œuvre du romancier chinois. A commencer par son désir de revenir au sens premier du genre « science-fiction ». Effectivement, dans beaucoup de ses nouvelles ou romans, l’auteur met la science au cœur de ses intrigues. Et c’est une nouvelle fois le cas dans La Terre transpercée, dans lequel il imagine cette fois la création d’un tunnel qui traverserait la Terre de part en part. Mais aussi une réflexion sur le progrès souvent présente. Un progrès que Liu Cixin appelle de ses vœux si l’Humanité veut encore avancer et s’améliorer. Un progrès qui passe par des projets qui peuvent parfois paraître utopiques (les rêveurs, comme Shen Yuan, personnages préférés de Liu Cixin, sont omniprésents dans ses récits) mais qui pourraient un jour sauver l’Humanité. S’il est utilisé à bon escient…car l’auteur démontre encore une fois (c’est l’un de ses leitmotivs…) que le progrès est souvent utilisé à de mauvaises fins, qu’elles soient impérialistes et guerrières (c’était le cas dans Brouillage intégral) ou économiques (c’est le cas ici).
Un message critique et positif toujours aussi nécessaire et un scénario surprenant portés par une narration particulièrement réussie, alerte et imprévisible, qui imbrique les histoires de Shen Yuan et son père à travers le temps, que l’on doit au chinois Wu Qingsong qui propose aussi un travail graphique abouti. Influencé par le manga, aussi juste qu’expressif, il met en images les scènes ayant lieu dans le fameux tunnel au centre de la Terre ou dans l’espace avec inspiration. Un très bon épisode !
(Récit complet, 98 pages – Delcourt)