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LA VALLEE DU DIABLE (Pastor)

1925. 5 ans déjà que Blanca, Pauline, Florentin et Arpin sont arrivés en Nouvelle-Calédonie sur les conseils de James Jacques, un riche éleveur rencontré sur le port de Sidney, qui leur proposa de leur prêter une case sur ses terres pour les aider à s’installer sur cette île qui manquait de colons « vertueux ». Entre temps, Blanca a épousé Arpin, plus pour repousser les avances de Jacques que par amour…C’est en tout cas ce qu’ Arpin pense, lui qui a arrêté de boire pour elle. D’ailleurs, aucun enfant n’est encore né de leur union. Peut-être parce que Blanca sent comme quelque chose de cassé en elle. Et puis le fait que son mari passe presque toute la semaine sur le site de la mine de nickel n’est pas pour arranger les choses…
L’originalité de ce one shot tient avant tout à son contexte. Rare, en effet, sont les récits qui se déroulent en Nouvelle-Calédonie au début du XXème siècle. Sur fond de tensions entre colons (les blancs, un peu comme partout ailleurs, ont fait main basse sur les meilleures terres, exploitant sans vergogne les ressources de l’île tout en imposant aux indigènes de vivre dans des réserves) et kanaks, les premiers habitants de l’île, Anthony Pastor met ici en scène un nouvel épisode d’immigration dans cet autre nouveau monde. Un rêve de vie nouvelle, loin de la misère des campagnes savoyardes, pour ces personnages cassés et malheureux, qui ne sont pas doués pour le bonheur. Et qui ne se doutaient certainement pas de la politique colonisatrice menée, ici comme en Algérie ou ailleurs, par la France qui envoyait, en même temps, colons « honorables » et condamnés aux travaux forcés (en 1863 s’ouvre à Nouméa un nouveau bagne français d’outre mer, après Cayenne) s’installer sur des terres au détriment des kanaks.
Un récit âpre et violent que cette manière de western austral superbement mis en images par Pastor.

(Récit complet – Casterman)