BD. Après avoir tué le sénateur Mc Grady et le révérend Coyle, Emily, surnommée La venin, a de nouveau pris la fuite, pourchassée par les détectives de l’agence Pinkerton. Cette fois, elle doit se rendre dans l’Ohio, à Oil Town, pour poursuivre son œuvre de vengeance. En chemin, elle traverse l’Alabama et tombe sur des membres du Ku Klux Klan en train de pendre un homme. Noir bien sûr… Aidée de Claire, elle parvient à sauver sa femme Susan et à mettre en fuite les suprématistes blancs mais ne parvient pas à sauver Tom. Obligée de quitter les lieux rapidement pour éviter les ennuis, Emily propose à Susan de venir avec elle et Claire…
Nouvel épisode et nouvelle réussite pour Astier qui propose avec sa nouvelle série (on l’avait découvert avec le polar Cellule Poison puis avec l’incontournable L’Affaire des Affaires, scénarisé par Denis Robert) un western critique et humaniste. Car à travers son héroïne en colère, ce sont les injustices qui régnaient aux Etats-Unis en ce début de XXe siècle qu’Astier pointe du doigt dans La Venin : racisme, exploitation des pauvres par les riches, oppression des femmes, sort réservé aux Amérindiens subissent ainsi les foudres d’Emily et de son créateur, pour notre plus grand plaisir. Mais La Venin, c’est aussi un scénario solide, parfaitement huilé, qui rassemble, petit à petit, les pièces du puzzle Emily à coups de flash-back dans son passé tout en laissant, habilement, quelques zones d’ombre (sa mère, qui est finalement encore en vie ; le scout comanche qui veille sur elle, discrètement…) pour tenir le lecteur en haleine. Et des personnages attachants, ayant une vraie épaisseur psychologique (dans ce tome 3, Emily se rend par exemple compte que la violence dont elle fait preuve ne l’aide pas forcément à aller mieux…). Avec son dessin semi-réaliste aussi fluide qu’agréable, c’est l’une des bonnes séries du moment.
(Série, 72 pages pour ce tome 3 – Rue de Sèvres)