Skip to content Skip to footer

LA VOIX DES BETES, LA FAIM DES HOMMES (Gilbert)

BD. An mille, dans le Quercy. Brunehilde est meneuse de loups. Elle parcourt les routes du royaume, libre comme l’air. A ceux qui veulent bien l’accueillir avec bienveillance, elle dispense ses connaissances des plantes, peut dresser les chiens, soigne les brûlures…Mais cela n’arrive pas souvent sur ces terres chrétiennes où croyances et superstitions, qui sont légion, poussent les gens à croire que le danger vient des sorcières ou des bêtes, et plus précisément des loups, tapis dans les forêts. Pourtant, Brunehilde en est persuadé, ces jeunes enfants qui ont été retrouvés brutalement tués dans plusieurs villages qu’elle a traversés avec Paulin, un colporteur avec qui elle fait un bout de route, ne sont pas victimes d’animaux. Cette violence, qu’elle a souvent rencontrée, elle le sait, elle le sent, elle vient des hommes…

La voix des bêtes, la faim des hommes (quel superbe titre !) vient clore une sorte de trilogie, entamée avec Les filles de Salem et poursuivie avec Nos corps alchimiques, en ce sens que Thomas Gilbert y poursuit sa réflexion sur la violence et l’injustice. Avec ce nouveau récit, il explore cette fois la violence plus particulièrement faite aux animaux et à ceux qui vivent en marge. Les non-conformistes, les vagabonds, les filles mères, les handicapés, les “sorcières”, les “monstres”…Bref, ceux qui sont différents et qui sont, quand les circonstances le nécessitent (une famine, une série de meurtres inexpliqués, une sécheresse…), des boucs émissaires tout trouvés, leur physique, croyances ou façon de vivre les désignant comme coupables, par les puissants. Les seigneurs des comtés. Mais aussi les autorités religieuses qui voient là une façon d’asseoir leur légitimité et donc de protéger leurs intérêts.

Un récit très critique envers l’église, le patriarcat et l’Homme en général, qui a du mal à gérer la part de bestialité qu’il a en lui, porté par une narration, très fluide, qui a beaucoup de souffle et un dessin qui fait preuve d’une grande aisance, que ce soit pour mettre en scène les courses poursuites, les combats ou la beauté de la nature. Un roman graphique qui combat l’intolérance et l’obscurantisme avec une belle personnalité.

(Récit complet, 180 pages – Dargaud)

Leave a comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.