Skip to content Skip to footer

L’AME AU BORD DES CHEVEUX (Séra)

BD. Cela fait plus de 35 ans que Séra collecte des documents, lit des livres, regarde des documentaires sur l’histoire du Cambodge pour la raconter. Et tenter de comprendre comment son pays a pu basculer dans la tragédie avec l’arrivée au pouvoir des Khmers rouges. Une quête devenue obsession pour l’auteur, que l’on comprend mieux avec L’Ame au bord des cheveux, qui clôt ce cycle personnel, après Impasse et rouge, L’Eau et la terre et Lendemains de cendres que Delcourt a d’ailleurs réédité simultanément en ce mois de février. On y apprend en effet qu’après leur prise de pouvoir et leur arrivée à Phnom Penh les Khmers rouges exigèrent des autorités de l’ambassade française l’expulsion de tous les hommes d’origine khmère (mais aussi vietnamienne et chinoise…) qui s’y étaient réfugiés. Le 21 avril 1975, Ing Phourin, père de Séra, fait donc ses adieux à sa femme Nicole et à ses 3 enfants pour être remis aux chefs des Khmers rouges. Sa famille ne le reverra jamais…Presque 50 ans après, la blessure n’est toujours pas refermée. Voilà pourquoi Séra poursuit son travail de mémoire avec L’Ame au bord des cheveux, premier de ses récits sur le génocide cambodgien à être ouvertement autobiographique. Il y mêle la trajectoire de sa famille avec l’Histoire de son pays. Et revient, une nouvelle fois, sur l’arrivée au pouvoir des Khmers rouges qui découle directement de la guerre du Vietnam et de la volonté du Nord-Vietnam d’unifier le pays derrière la même bannière communiste. Séra nous rappelle aussi l’abandon des vietnamiens et des cambodgiens à leur sort par les américains malgré leurs promesses d’aide et de protection. Ainsi que le rôle joué par les français (l’ambassade n’a pas montré de grande résistance quand les Khmers rouges ont demandé l’expulsion des hommes d’origine Khmère…) dans la disparition de nombreux hommes, dont le père de l’auteur…

Un récit fort et singulier (notamment au niveau graphique avec ce trait fin, immersif malgré sa simplicité -l’auteur allant à l’essentiel- mêlé à des coupures de presse, photos, couvertures de magazines retravaillées ou télégrammes…) qui n’est malheureusement pas toujours facile à suivre, Séra privilégiant ici des coups de projecteur successifs sur les différents événements plutôt qu’une continuité narrative claire. Dommage car on peine, du coup, parfois, à saisir l’enchaînement des faits et leur imbrication. L’Ame au bord des cheveux vient malgré tout clore, de façon plus intime cette fois, ce cycle marquant sur la période du génocide cambodgien de Séra qu’il faut absolument lire. Pour comprendre et ne pas oublier !

(Récit complet, 176 pages – Delcourt)

Leave a comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.