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LATAH (Legrain)

BD. Sud Vietnam, 1965. L’escouade de Tyler est en mission “search and destroy” : elle est chargée de repérer les poches de rébellion communiste pour ensuite les faire “nettoyer” par leurs avions. Mais alors qu’il ne leur reste que quelques zones à couvrir avant de rentrer, la tension, déjà vive, notamment entre Hayes et Clarke, monte d’un cran quand les GIs tombent sur un bataillon de Viêt-Congs massacré dans des conditions aussi mystérieuses que brutales. Huyn, le photographe vietnamien embarqué avec eux pour l’Associated Press, est quant à lui livide : il a reconnu, dans la jungle, juste avant la traversée d’une rivière, une statuette de Latah, un Dieu vénéré par la population locale chargée de veiller sur elle…

Apocalypse Now, Full Metal Jacket, Platoon : rien qu’au cinéma, la guerre du Vietnam a été traitée à de nombreuses reprises, souvent de façon brillante d’ailleurs. Alors quand on veut de nouveau aborder ce chapitre noir de l’Histoire américaine, il faut forcément trouver un angle différent. Ce point de vue original, Legrain l’a trouvé avec Latah. Si “son” Signé (le livre sort dans cette mythique collection du Lombard) reste avant tout un récit de guerre qui démontre de façon très réaliste (le dessin vraiment travaillé et détaillé de l’auteur le poussant vers cela de toutes façons…) l’horreur et l’absurdité de cette guerre (et de la guerre en général…), la très bonne idée de Legrain est bien sûr de le faire basculer, à peu près à mi-chemin, dans le fantastique et l’irrationnel avec l’apparition de ce Latah, légende vietnamienne censée incarner la culpabilité d’un groupe de villageois qui le vénère tout en le protégeant…Idée géniale puisqu’elle utilise une superstition locale qui peut aussi être une allégorie de la paranoïa et de la folie qui pouvaient s’emparer de ces soldats amenés à voir et faire des choses abominables. Et qui permet surtout à Legrain de rendre la descente aux enfers de Tyler, Darnell, Neil et les autres singulière et personnelle.

Si le récit, qui fait se télescoper Platoon et Predator, est aussi réussi c’est également parce qu’il est porté par un dessin particulièrement abouti : le trait est sûr, le découpage se montre inventif quand il le faut et la mise en couleur, signée Mikl, est parfaite, avec, notamment, des effets spéciaux (pour créer la brume de la jungle ou les nappes de fumée des grenades M18) vraiment bluffants !

(Récit complet, 128 pages – Le Lombard)

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