Zidrou n’en finit plus de nous surprendre et de nous épater ! Après l’histoire d’amour inattendue de “La peau de l’ours”, la folie et l’horreur de la guerre dans “Folies Bergères”, avec “Le beau voyage”, il a cette fois décidé de nous conter une renaissance. Belle et bouleversante à la fois. Celle de Léa. Dont la vie superficielle et décousue (présentatrice sur une chaîne météo, elle a couché avec son vice-président pour obtenir une émission musicale, va de mec d’un soir en mec d’un soir et vient de faire des photos de charme pour 24 000 euros) semble cacher un mal-être profond. C’est à la mort de son père que tout va remonter à la surface…
Le non-dit, les blessures familiales qui n’ont jamais cicatrisé, le manque d’affection et de tendresse de sa mère, les absences répétées de son père (médecin, il passait son temps à travailler), le divorce de ses parents : c’est en se plongeant dans photos, dessins et souvenirs d’enfance, de retour dans la maison de famille, que Léa va comprendre les choix, les attitudes des uns et des autres et qu’elle pourra enfin commencer à vivre.
Un récit tout en sensibilité et en justesse, parfois poignant (difficile de ne pas sentir les larmes monter lors de la scène du message laissé sur le portable de Léa) magnifiquement raconté par Zidrou dont la construction narrative mêlant présent et souvenirs d’enfance dramatiques mais aussi parfois drôles lui permet (tout comme le trait fin et limpide –auquel je dois avouer avoir mis un peu de temps à m’adapter- et les couleurs remplies de lumière de Springer) d’éviter de tomber dans le pathos. Véritablement un très beau voyage. De ceux qui marquent les esprits !
(Récit complet – Dargaud)