BD. Séverine mène une vie tout ce qu’il y a de plus banal. Etudiante en lettres, elle partage son temps entre préparation à l’agrèg, week-ends chez ses parents à Meaux et soirées série avec son copain Thomas. Une existence très rangée qui va subitement changer quand le père de la petite fille qu’elle garde parfois le soir lui prête un chemisier en soie de sa femme pour qu’elle puisse changer son haut sali. Vêtu de ce nouvel habit, la sage et timide Séverine se transforme littéralement : dotée d’une nouvelle confiance en elle, tout lui réussit. Et elle devient consciente du désir qu’elle suscite chez les hommes et provoque elle-même des rencontres avec des mecs croisés par hasard dans la rue…
A côté de sa série d’action grand public Lastman, Bastien Vivès continue de creuser un sillon plus personnel, intimiste et subtil. Et après Polina et Une sœur, il consacre une fois encore son nouveau récit à un personnage féminin, j’ai nommé Séverine. Dont il suit ici la “transformation” grâce au fameux chemisier. Elément fantastique (qui lui donne une sorte de super pouvoir) ou simple vêtement qui met en valeur ses formes et l’aide à prendre conscience du regard des hommes sur elle et ainsi à avoir davantage confiance en elle pour être plus actrice de sa vie ? A vous de décider, le récit initiatique, qui pointe également du doigt, en filigrane, l’absence de communication dans notre société actuelle (les couples regardent des séries au lit, ne se comprennent pas…), laissant entière latitude au lecteur de choisir. Une histoire originale, bien menée par Vivès (dont on retrouve l’habituel dessin : trait fin et sobre, arrière plan peu voire pas travaillé, visages parfois sans yeux, mise en couleur informatique autour de noirs et de nuances de gris) mais qui laissera peut-être certains lecteurs sur leur faim car il suggère plus qu’il ne dit, à l’image des films d’auteur (citons Pialat, Rohmer ou Audiard) dont il s’inspire.
(Récit complet, 208 pages – Casterman)