BD. Quasiment comme tous les ans, Désirée et Alain Frappier se rendent au festival d’Angoulême en 2014. Cette année là ils partagent leur stand avec le collectif Femmes Solidaires – Charente qui organise une collecte de dessins pour soutenir les femmes espagnoles qui sont sorties dans la rue pour protester contre le projet de loi de Ruiz Gallardon, le ministre espagnol de la justice (que l’on dit proche de l’Opus Dei…), intitulé « Protection de la vie du conçu et du droit de la femme enceinte ». Un projet qui revient de façon honteuse sur le droit à l’avortement puisqu’il n’envisage plus que 2 cas d’avortement légal : le risque pour la santé physique ou psychique (qui devra être constaté par un médecin et un psychiatre indépendants) de la mère et le viol. Le couple d’auteurs accepte bien sûr de participer en donnant un dessin mais cette rencontre réveille surtout des souvenirs enfouis chez Désirée, des souvenirs qui méritent d’être racontés pour qu’on n’oublie pas comment c’était avant. Avant que Simone Veil ne parvienne à faire voter la loi dépénalisant l’interruption volontaire de grossesse le 29 novembre 1974. Pour qu’on n’oublie pas les femmes comme la mère de l’auteure qui n’a pas eu le choix et a dû mettre ses envies et projets personnels « sous le paillasson » parce qu’elle a eu trois enfants coup sur coup, qu’elle n’a ensuite pas forcément eu la force d’élever. Raison pour laquelle Désirée Frappier a été ballottée de foyer en internat, en passant par d’autres solutions temporaires (elle a aussi vécu quelques mois chez sa grand-mère avant qu’elle ne meure…). Les femmes qui ont pris des risques insensés pour leur vie (beaucoup en sont d’ailleurs mortes) en pratiquant des avortements clandestins chez des « faiseuses d’anges ». Les militantes du MLAC (Mouvement pour la libération de l’avortement et de la contraception), les signataires de l’appel des 343 femmes qui apposèrent leur nom sur cette déclaration au risque de perdre leur travail et les autres mouvements féministes qui se battirent pour faire avancer les droits des femmes. Voilà pourquoi et comment Le Choix a vu le jour. Un roman graphique poignant et édifiant dans lequel le couple Frappier mêle habilement (et avec sensibilité, à l’image du dessin sobre -un trait simple sans mise en couleurs- mais juste d’Alain Frappier) histoire personnelle et combats politiques pour nous sommer de rester vigilants. Car rien n’est jamais totalement gagné. Le projet de loi du ministre de la justice espagnole (c’était en 2014, il y a seulement 6 ans…) ou les déclarations de Trump très pro-life (les anti-avortements américains) dans le cadre de la campagne actuelle pour les élections présidentielles sont là pour nous le rappeler…
(Récit complet, 136 pages – Steinkis)