BD. Nicolas Beuglet est un ancien journaliste devenu écrivain. Sa spécialité ? S’emparer de faits réels méconnus, mener sa propre enquête dessus et en faire des thrillers. C’est le cas de Le Cri paru chez XO en 2016 que Makyo et Laval Ng adaptent ici. Un duo qui commence à être bien rôdé puisque c’est à Laval Ng que Makyo a confié la reprise de sa série fétiche Balade au bout du monde avant de lui proposer le scénario d’Effet miroir paru chez Delcourt en 2020. Et on comprend pourquoi Makyo apprécie cette collaboration : le dessinateur natif de l’Ile Maurice a un talent incroyable. Dont il fait une nouvelle fois la preuve dans ce nouveau récit. A l’image de la couverture, très réussie et frappante, son travail graphique de toute beauté (un trait à la plume rehaussé de peintures) sert parfaitement cette histoire sombre et ses ambiances flippantes. Une enquête qui commence quand le gardien de l’asile psychiatrique de Gaustad appelle la police pour les prévenir du suicide de l’un de leurs patients. Le problème, c’est que quand l’inspecteur Sarah Geringën fait les premières constatations avec un médecin légiste tous deux se rendent compte que primo il ne s’agit pas, en fait, d’un suicide et que secundo le corps du patient 488 (on l’appelle comme ça car ce nombre est gravé sur son front…) a été déplacé dans une autre cellule post-mortem…Pourquoi les gardiens ont-ils bougé le corps ? Et pourquoi Grund, le directeur, leur ment-il ? Pour le découvrir, l’inspecteur devra s’allier à Christopher Evans, dont le frère, mort dans un accident de voiture une semaine seulement après sa visite, est le dernier à avoir vu “488” vivant et fouiller dans les dossiers secrets de la CIA et de Gentix, une société pharmaceutique…
Expérimentations scientifiques sur des cobayes, secrets d’état bien sordides, vengeance, extrémisme religieux : Le Cri assoit son scénario sur des thèmes sommes toutes “classiques” du roman noir mais à la différence de ses voisins de bibliothèque, son histoire est basée sur des faits réels. Ce projet de recherche sur le contrôle des esprits a bel et bien été mené par la CIA et le FBI dans les années 70-80. Glaçant. Les auteurs s’en sont emparés, tout en imaginant le but réel de ces recherches (une partie des archives avaient été détruites quand une commission d’enquête a été décidée…), pour en faire ce thriller efficace et haletant de bout en bout. Car on n’a pas mentionné le fait qu’un cobaye russe a réussi à s’échapper du centre et ne vit désormais que pour une chose : se venger !
(Récit complet, 152 pages – Philéas)