BD. La célèbre actrice sud-coréenne Choi Eun-hee a disparu depuis quelques semaines et son ex-mari, le réalisateur Shin Sang-Ok, se rend à Hong-Kong pour tenter de comprendre ce qui s’est passé. Il va à la rencontre d’autres réalisateurs, dont Tsui Hark, et va même voir les responsables des Triades pour glaner des informations et avoir au moins une piste qui pourrait le mener à son ex-femme, avec qui il a eu deux enfants et dont il est encore amoureux. Sur un plateau de tournage, un mystérieux informateur parle de Repulse Bay, où Choi aurait été vue, à son chauffeur. Alors qu’ils se dirigent de nuit vers cet endroit ils tombent dans un guet-apens et Shin est kidnappé par des agents nord-coréens…
Fabien Tillon a le chic pour proposer des récits singuliers, qui traitent d’histoires extra-ordinaires ! On se souvient ainsi de l’étonnant Roi du vent (avec Gaël Remise au dessin) dans lequel il raconte l’histoire d’un français un brin excentrique et mégalomane qui s’autoproclama roi d’Araucanie et de Patagonie au milieu du XIXe siècle. Cette fois, il nous conte l’histoire, totalement vraie !, du kidnapping d’une actrice et d’un réalisateur sud-coréens par Kim Jong-Il, le fils du dictateur en place, pour qu’ils réalisent des films au service du régime nord-coréen. Avec des moyens quasi-illimités ! Le couple restera aux mains de la junte militaire pendant près de 8 ans, collaborant (ils n’avaient pas vraiment le choix s’ils voulaient rester en vie…), après deux ans de tests et d’interrogatoires et de tentatives d’évasion pour Shin, avec Kim Jong-Il (plusieurs films, dont certains écrits par le fils du dictateur, verront le jour, dont Mission sans retour, Le Sel ou Pulsagari…), avant de pouvoir être exfiltrés par les américains en 1986 !
Une histoire hallucinante (même si le couple ne fût pas leur seule victime, loin de là, les nord-coréens s’étant fait les “spécialistes” du kidnapping de sud-coréens dans les années 80…), racontée à la façon d’un thriller par les auteurs qui en profitent, en chemin, pour rendre hommage au cinéma à travers le goût de Kim Jong-Il pour le 7ème Art. Un homme qui prenait beaucoup de plaisir à parler avec Shin de technique ou de sa passion pour le Kaiju eiga, les films de monstre japonais mais aussi pour les séries des Rocky et des Rambo…Un récit vraiment étonnant, incroyable plongée (Kim Jong-Il, féru d’Art et de cinéma, y paraîtrait presque sympathique…si l’on occulte le fait qu’il retenait Shin et Choi contre leur volonté…) dans le régime nord-coréen portée par un duo d’auteurs inspiré !
(Récit complet, 144 pages – La Boîte à Bulles)