BD. Paris, dans les années 1850. Rachel a un don : elle voit. L’avenir des gens : les dangers qui les guettent, leurs joies à venir ou leur mort. Pourtant, lors des représentations qu’elle donne ou des invitations qu’elle reçoit, on ne lui demande que des choses futiles, comme des devinettes. Elle a l’impression de ne servir qu’à divertir. Alors, un jour, elle disparaît. Plus d’un siècle plus tard, en 1980, Liv Nexo, une chorégraphe danoise, travaille à la mise en scène d’un ballet inspiré d’un livre, Le Don de Rachel, qu’elle a trouvé chez un antiquaire…Un ballet qui finit par voir le jour et qui est même joué à Londres 3 décennies plus tard. Virginia, une photographe qui habite la capitale anglaise décide de contacter la chorégraphe pour la convaincre de la rencontrer car elle se sent liée à elle…
Pandolfo et Risbjerg vont où bon leur semble, changeant de registre et de genre au gré de leurs envies et de leur inspiration. Après (notamment) la conquête de l’ouest (Serena), l’art brut (Enferme-moi si tu peux) ou le conte médiéval revisité (Perceval), ils s’attaquent ici aux liens invisibles qui relient étrangement certaines personnes, aux mystères qui guident l’inspiration, aux influences qui nous poussent dans une direction plutôt qu’une autre. Et mêlent paranormal, création et vision pour brosser le portrait de 3 femmes : Liv, Rachel et Virginia que le destin (appelons-le comme cela) va rassembler de nos jours malgré le temps, un siècle et demi, qui les sépare. Un récit que les auteurs rendent intrigant, grâce à une narration poétique et pleine de mystère et surtout à un travail graphique au diapason, toujours inspiré, de Risbjerg, le danois se montrant à l’aise avec toutes les techniques. Un livre singulier, que l’on peut lire aussi, selon l’aveu même de Pandolfo, comme une métaphore du mystère de la création.
(Récit complet, 200 pages – Casterman)