BD. On l’a crue folle…Quand Teresa Santos, femme de ménage depuis 30 ans au musée, est venue dire au président directeur du Louvre ce que les sculptures, les femmes principalement, lui avaient confié, ce dernier l’a immédiatement fait sortir de son bureau tout en la limogeant sur le champ. S’il avait pris la peine de l’écouter, le « grand incident » n’aurait pas eu lieu. Car il aurait entendu les doléances de Psyché, Bacchante ou encore Suzanne, une « collègue » des peintures, qui en ont assez d’être exposées nues dans des positions dévalorisantes ainsi que des remarques misogynes et des comportements déplacés des visiteurs hommes…Maintenant, c’est trop tard et il va falloir trouver une solution pour que le Louvre puisse rouvrir…
N’y allons pas par quatre chemins : Le grand incident est le récit féministe immanquable de la rentrée ! Quand on a proposé à Zelba d’intégrer la renommée collection Louvre/Futuropolis, elle s’est d’abord sentie honorée. Puis, après quelques recherches, elle s’est rendue compte qu’elle serait la première femme à y proposer un récit. Et qu’en 230 ans d’existence, le Louvre n’avait jamais été dirigé par une femme. Elle venait de trouver le sujet de « son » Louvre…Un récit drôle, intelligent et très mordant. Qui, s’il amuse beaucoup (certaines scènes sont tout simplement hilarantes, notamment celle, au début, où l’on voit la « cabine de redescente émotionnelle » pour les hommes…), vise avant tout à faire bouger les lignes. En faisant réfléchir au genre du nu et de ce qu’il y a derrière. En inversant les rôles (Monsieur Darlin, obligé de s’habiller en femme le temps d’une sortie, va comprendre ce que les femmes endurent -remarques déplacées, drague lourdingue, regards appuyés…- au quotidien) hommes/femmes. En provoquant aussi. Bourré de trouvailles truculentes et de clins d’œil (notamment aux autres auteurs de la collection), Le grand incident surprend et épate de bout en bout tout en nous obligeant à voir tout le chemin qu’il nous reste à parcourir pour changer le regard que les hommes portent sur les femmes. Leur attitude aussi. Et en plus c’est superbement dessiné, les encres de couleur et aquarelles de Zelba se montrant clairement dignes de ce scénario haut en couleurs !
(Récit complet, 128 pages – Futuropolis)