BD. Ivan Barnave dérive sur une planche de bois. Tant bien que mal il parvient à se hisser sur le rivage d’une ile étrange et très peu hospitalière. En effet, à peine arrivé, il se fait attraper par un tentacule vert qui le dirige tout droit vers une bouche gigantesque…Ivan le pressentait mais c’est maintenant confirmé : sa mission sur cette île ne va pas être de tout repos. Mais bon, notre homme en a l’habitude : depuis la mort de son père de la silicose (il était mineur), sa vie n’a jamais été de tout repos…
Certains récits ont une histoire incroyable. C’est le cas de Le Grand rouge, qui (re)vient de loin. Paru il y a de cela 12 ans chez Manolosanctis, le livre n’avait eu que très peu de temps pour se frayer un chemin jusqu’à ses lecteurs car sa maison d’édition avait mis la clé sous la porte quelques mois après sa sortie seulement. Mais il y a deux ans, son auteur, Wouzit, a eu envie, par jeu, d’en redessiner quelques pages dans son nouveau style graphique (un trait simple et fin, à la plume, lisible et agréable, rehaussé d’aplats de couleurs vives). Des planches remarquées sur son compte Instagram par Camille Grenier, éditrice, qui lui proposa de reprendre entièrement Le grand rouge, en reprenant ici ou là le scénario et les dialogues et en ajoutant aussi des pages, au besoin, pour le sortir chez Dupuis. Et bien lui en a pris puisque cela va permettre à un plus large public de découvrir l’aventure singulière d’Ivan. A la narration d’une habileté roublarde, aussi manipulatrice que peut l’être son (anti-) héros, menteur professionnel, qui alterne scènes sur l’île où Ivan apprend à survivre, un peu miraculeusement, grâce avant tout à l’aide d’une créature géante, curieuse et bienveillante, qui le prend sous son aile et flash backs nous permettant de comprendre comment Ivan, poursuivi par Flandrin, un notable qu’il a arnaqué, s’est, au bout du compte, retrouvé sur cette île surréaliste du bout du monde.
Puisant, notamment, ses influences dans l’histoire du nouveau monde, Le grand rouge est un récit étonnant et malicieux qui mêle aventure et fantastique avec maîtrise pour tenir en haleine le lecteur jusqu’à sa conclusion, marquante ! Et évoquer, chemin faisant, l’exploitation aveugle des ressources de la Terre pour s’enrichir toujours davantage. La rentrée littéraire commence très bien !
(Récit complet, 160 pages – Dupuis)