BD. Décembre 2001, Nizar et Mourad arrivent à Parachinar . Ils sont hébergés par des villageois. Ils pensent qu’ils sont sortis d’affaire et qu’ils vont pouvoir rejoindre Islamabad. Mais alors qu’ils sont à la mosquée, la nuit, pour une grande réunion, l’armée pakistanaise débarque et les enferme à l’intérieur. Avant de les mettre dans un bus pour les emmener dans un lieu secret. Mais en chemin, certains combattants remontés parviennent à mettre hors d’état de nuire un soldat et des coups de feu sont échangés, ce qui fait perdre le contrôle du bus au chauffeur. Visés par des tirs, chacun s’enfuit de son côté. Mourad parvient à rejoindre un village avec un dénommé Redouane. Ils tentent de se faire passer pour des touristes auprès d’un épicier qui voit cependant clair dans leur jeu. Il les met en joue avec un fusil at appelle l’armée. Commence alors, pour les deux hommes, une longue traversée du désert, qui les emmènera jusqu’à Guantanamo et durera, pour Mourad, plus de 4 ans…
Comment Mourad Benchellali et Nizar Sassi, 2 jeunes de Vénissieux sans histoires, qui sortent en boîte, travaillent, ont une copine et ne sont pas plus religieux que cela, se sont-ils retrouvés dans l’Afghanistan des Talibans de l’après 11 septembre ? C’est ce que Jérémie Dres a voulu comprendre. Alors il est allé à leur rencontre. Il a aussi parlé à Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères ou à André Gérin, maire communiste de Vénissieux à l’époque, qui avait remué ciel et terre pour les faire revenir de l’enfer de Guantanamo, où on les tenait pour responsables des attentats de New-York…Il met en scène ces conversations pour raconter l’enchaînement des événements qui ont finalement mené les 2 hommes dans les camps X-Ray ou Delta. C’est sur ces 3 années que se focalise surtout ce tome 2. Sur les « méthodes d’interrogatoire renforcées », un euphémisme juridique pour ne pas dire torture (privation de sommeil, humiliations ou encore clim poussée à fond après avoir balancé de l’eau sur les prisonniers…), le chantage affectif ou le quotidien indigne (les prisonniers étaient parfois mis nus et devaient faire leurs besoins dans des seaux) qui fût mis en œuvre dans cette véritable zone de non-droit. Mais aussi sur le combat mené par la famille des 2 hommes, le maire de Vénissieux ou le gouvernement français pour faire revenir Mourad et Nizar pour qu’ils soient jugés en France. Un témoignage précieux et plutôt rare que ce diptyque captivant et fluide permet de partager. Une nécessité, notamment pour comprendre comment les recruteurs opèrent dans les mosquées…
(Récit en deux tomes, 232 pages pour ce second tome – Delcourt)