BD. 1962. Les relations entre la France et les Etats-Unis sont compliquées. Les deux pays sont officiellement amis mais le général De Gaulle tire un peu trop sur la corde depuis quelque temps…Son ministre d’Etat de la culture, André Malraux, a alors une idée pour rapprocher les deux pays : prêter la Joconde à la National Gallery de Washingon DC puis au Moma de New-York. Et puisque les conservateurs du Louvre accueillent fraichement sa proposition, il escortera lui-même le chef-d’œuvre à bord du France au cours de sa traversée transatlantique ! Mais le voyage va bien entendu s’avérer moins tranquille que prévu…
Prenez un personnage complexe et haut en couleurs (héros antifasciste, écrivain, ministre d’Etat mais aussi mythomane, grandiloquent, charmeur et porté sur la boisson…), confiez lui une mission d’envergure (apporter le symbole de la culture française aux Etats-Unis pour rapprocher les 2 pays, ni plus ni moins…) sur un bateau légendaire (le France, fraichement baptisé par De gaulle) à travers l’Atlantique, ajoutez-y quelques jolies femmes, du whisky et des amphétamines (Malraux s’en est fait prescrire par le docteur pour lui redonner du tonus après un petit coup de mou…) et vous obtenez ce truculent Le Ministre et la Joconde, sorte de croisement improbable entre Quay d’Orsay de Blain (dans lequel les auteurs mettaient en scène De Villepin dans l’exercice, ecxcité !, de ses fonctions) et Tintin (Les Bijoux de la Castafiore, par exemple, puisque l’on croit, à un moment, que La Joconde a disparu…). Les deux scénaristes, Bourgeron et Bourhis s’amusent comme des enfants avec la figure de Malraux, dont ils montrent ici les différentes facettes, surprenantes, l’homme pouvant être tour à tour charismatique ou pathétique et les personnages secondaires très connus (Jackie Kennedy, Barbara…) ou espiègles (la conservatrice du Louvre)…Quant à tanquerelle, il livre (bien aidé par Isabelle Merlet aux couleurs) un travail graphique enthousiasmant : son trait dynamique donne véritablement vie à Malraux et à son côté passionné, excité et l’auteur fait également preuve d’inventivité dans les scènes, bien psychédéliques, où, en proie à des hallucinations (les amphétamines…), Malraux part à la recherche de La Joconde. Basée sur des faits réels, Le Ministre et la Joconde est une comédie franchement réjouissante !
(Récit complet, 88 pages – Casterman)