BD. Londres, 1940. Depuis qu’Eva est morte dans un bombardement, Isaac n’a plus goût à rien. Son envie de vivre l’a quitté en même temps que sa femme. Mais parfois de petits miracles ont lieu : alors qu’il songeait à en finir, il tombe, dehors, sur une petite fille qui semble perdue. Avec son doudou, elle revient d’Ecosse où elle avait été évacuée mais ne retrouve pas sa maman. Isaac ne peut faire autrement que de l’aider. C’est ce qu’Eva aurait voulu de toutes façons. Mais comment occuper une petite fille dans un abri lors des longs bombardements ? En lui racontant une histoire, bien sûr…
Olivier Grenson porte ce récit intimiste en lui depuis longtemps. Il a commencé par être le conte teinté d’écologie (un prince rapidement remplacé par une princesse -ben oui, pourquoi les héros sont-ils toujours des garçons ? fait remarquer Mary- qui doit percer le secret d’un arbre gigantesque pour le ramener à la vie et sauver son royaume) qu’Isaac raconte à Mary. Puis il a évolué, l’auteur y ajoutant cette dimension réelle et tragique avec le Blitz et les bombardements nazis violents sur Londres, et a fini par voir le jour 10 ans après ! Le Partage des mondes est l’histoire, avant tout, d’une renaissance. Celle d’un vieil homme (mais aussi d’un pays…), endeuillé, qui n’arrivait plus à voir la vie autour de lui, grâce à l’apparition de cette petite fille, de son insouciance et de son imaginaire qui leur permet à tous les deux de s’évader, un temps, de la tragédie de la guerre et de la souffrance (Mary a aussi perdu son papa 3 ans plus tôt) …
Une ode au merveilleux qui peut être lue à tout âge ou presque, portée par un dessin superbe, tendre et attachant, qui met bien sûr en exergue le contraste entre réalité (les aquarelles, dans des tons froids, sont alors mornes et tristes et les ombres charbonneuses) et monde fantasmé (les couleurs sont alors vives et chatoyantes) du scénario. Un joli récit !
(Récit complet, 240 pages – Le Lombard)