BD. La création d’une maison d’édition est toujours un événement à saluer, notamment dans cette période particulière, forcément compliquée pour l‘industrie du livre. Philéas, c’est son nom, pilotée conjointement par Jungle et Editis, prévoit quelques sorties par an. Des romans graphiques. Qui peuvent être des scénarios originaux (comme Simenon, une biographie de Georges Simenon, écrite par Rodolphe et mise en images par Christian Maucler, à paraître en 2021) ou l’adaptation de romans (allez, un peu de teasing…Philéas annonce celle du génial La Nuit des Temps de Barjavel par Christian de Metter pour 2022 !). Ce qui est le cas de leurs 2 premières sorties, Gravé dans le sable, adaptation du roman de Bussi signée Derache et Fernandez et Le Syndrome [E] sur laquelle on va se pencher ici. Roman écrit par Frank Thilliez, un poids lourd du thriller, et vendu à plus de 350 000 exemplaires : pour leurs premières parutions, Philéas a clairement joué la sécurité en misant sur des valeurs sûres. Difficile de leur en vouloir. Et comme on pouvait s’y attendre (on a lu le très captivant La Chambre des Morts sorti en 2005 mais on a suivi le reste de la carrière de l’auteur français d’un peu plus loin), l’intrigue signée Thilliez est bien efficace. L’histoire d’un court métrage expérimental datant des années 50 qui rend aveugle ceux qui le regardent et sur laquelle le lieutenant Hennebelle tombe par hasard. Et la découverte de 5 corps mutilés (ils ont été énucléés et on leur a coupé les poignets) à la boîte crânienne coupée en deux, sur laquelle le lieutenant Sharko enquête. 2 affaires qui vont bientôt ne plus faire qu’une et qui vont mener les 2 flics sur la piste de l’OAS et du LYR, Les Yeux du Réel, un groupuscule d’extrême-droite visant à manipuler le cerveau humain via le cinéma pour redonner naissance à « la France réelle, celle du sol et du sang »…
Le recours aux expérimentations scientifiques sur l’homme et à l’extrême droite n’est certes pas très nouveau mais la construction autour de 2 pôles narratifs pique la curiosité du lecteur malgré tout. Un scénario que Runberg adapte de façon plutôt convaincante même si le rythme pâtit un peu de la réduction de la pagination (104 pages, cela peut paraître confortable pour une BD mais cela oblige tout de même à faire des choix et donc des coupes dans le roman original). Et côté graphique, Brahy livre un dessin semi-réaliste classique du genre mais qui fait néanmoins le job. Bref, une adaptation appliquée du roman de Thilliez sans être mémorable.
(Récit complet, 140 pages – Philéas)