BD. Les petits arrangements de Marchand, le maire du Havre, avec les petits voyous locaux, commencent à lui échapper. Mehdi, l’un des sbires de Nabil, malgré les consignes de Mathurin, a en effet fait passer des armes qu’ils s’étaient procurés aux amis de l’imam radical de la ville. Et des jeunes musulmans radicalisés les ont utilisés pour commettre un attentat dans le sud-ouest, ouvrant le feu sur des gens dans la rue…En urgence, Barbara réunit Nicolas et Denis, alias le tueur, pour leur annoncer que « Paris » leur demande de faire disparaître l’imam qui prononce des prêches radicaux à la mosquée de la ville…
Le tueur est quasiment devenu un fonctionnaire : s’il bosse comme cadre dans une boîte d’import/export du Havre, ce mi-temps n’est bien entendu qu’une couverture. Car notre homme a été recruté, contre son gré, par la DGSE pour exécuter des contrats pour l’état, le plus discrètement possible. Un petit stratagème scénaristique qui permet à Matz et Jacamon de relancer l’intérêt de la série tout en abordant des thèmes nouveaux, comme la raison d’état. Mais aussi les jeux de pouvoir. Et on peut dire que les auteurs mettent les pieds dans le plat ! Corruption, mensonge, manipulation, démagogie : voilà, selon eux, comment trop d’hommes politiques se font élire faisant, au passage, le jeu du Rassemblement National et jouant avec le feu islamique en faisant du clientélisme. Quand on sait que le récit est inspiré de faits et dossiers réels, on peut se dire que Matz et Jacamon n’ont probablement pas planté le décor de ce premier cycle d’Affaires d’Etat au Havre pour rien…
Un nouveau cycle plus ramassé (seulement 3 tomes) mais particulièrement efficace qui lie le tueur, qui nous livre comme à son habitude, en passant, ses réflexions philosophiques désabusées sur l’Homme, le pouvoir, la violence d’état et la vie en général, à notre actualité brûlante et à la vague de terrorisme que la France a connu ces dernières années. Un dernier tome percutant !
(Premier cycle en 3 tomes, 64 pages pour ce dernier épisode – Casterman)