BD. 1739. L’Angleterre vient de déclarer la guerre à l’Espagne sur fond de tensions commerciales. Et le capitaine Anson a été choisi par l’amirauté pour diriger une escadre de 4 vaisseaux, dont le HMS Centurion, et 2 pinques pour les ravitailler. En plus des équipages, 500 soldats embarqueront. Sa mission : faire route vers les mers du sud, puis, le Cap Horn passé, tout faire pour nuire aux intérêts espagnols dans leurs colonies : en abordant et en brûlant les vaisseaux qu’ils rencontreront, en attaquant, et pillant, par surprise, des villes le long de la côté pour, enfin, se diriger vers Acapulco pour capturer le Galion Royal qui, une fois par an, part pour Manille les cales remplies de coffres d’or et d’argent pour y acheter des marchandises de luxe qui se revendent à prix d’or dans les cours d’Europe. Avant de revenir par le cap de Bonne-Espérance. Après quelques mois de tergiversations (Anson a du mal à obtenir les 500 soldats…), l’escadre et ses 2000 hommes quittent Spithead le 10 août 1740. Anson ne sait pas encore qu’il part pour un périple de 4 ans marqué par des péripéties en cascade et de nombreux drames…
Après la trilogie Martha Jane Cannary (le vrai nom de la célèbre Calamity Jane), Perrissin et Blanchin reviennent avec un grand récit historique sur lequel le dessinateur aura travaillé près de 4 ans, notamment pour rendre au mieux ce souffle épique qui le traverse : les spectaculaires combats entre vaisseaux, les sanglants pillages des villes mais aussi les tempêtes, les négociations avec les gouverneurs locaux amis pour obtenir l’autorisation de se ravitailler en eau et en victuailles (et il en faut beaucoup pour un équipage de 2000 hommes…) ou les explorations d’îles inconnues pour mettre pied à terre afin de maîtriser les épidémies de choléra, malaria ou de scorbut.
Un récit en tous points fidèle à la vérité historique puisque Le Voyage du Commodore Anson prend en fait la forme d’un journal de bord, celui du lieutenant Saumarez (dont le “vrai” journal a été retrouvé au début des années 70 dans une vieille armoire de la famille), qui évoque, chaque jour ou presque, les faits plus ou moins marquants (il raconte en détail les tempêtes et les attaques mais consigne aussi, avec une grande précision, les achats de nourriture et d’alcool ou le nombre d’hommes qui décèdent) de l’expédition, illustré par des cartes et gravures issues de l’édition originale du livre (A Voyage Round the World in the Years 1740-1744) que le chapelain de l’escadre, Richard Walter, écrivit à son retour et qui fut publié en 1748. De quoi revivre cette incroyable aventure marine à hauteur d’officier (on assiste aux conseils de guerre mais aussi à leurs banquets – un cuisinier français avait aussi embarqué sur le Centurion…) mais aussi de matelot (on va régulièrement dans l’entrepont, parmi les branles – les hamacs sur lesquels les hommes dormaient…) emportés par le dessin “à l’ancienne” de Blanchin, un trait très vivant rehaussé d’aquarelles. Prêts à hisser la grand voile et à souquer ferme ?
(Récit complet, 272 pages – Futuropolis)