« Un phare qui part dans l’espace, se pose sur la Lune, revient sur Terre en déposant délicatement ses passagers sur la cime d’un conifère. Cela ne sera pas crédible comme histoire. On ne va pas y croire. On va vous prendre pour des fous. » Voilà ce diptyque totalement absurde et carrément réjouissant résumé pour vous par l’un de ses personnages, Fruchttück, en quelques lignes. Et malgré son avertissement, Turf est allé au bout de son idée ! Et grand bien lui en a pris.
Bien sûr ce qui se passe dans Le voyage improbable laisse parfois, comment dire, songeur. Mais tous les mystères (parfois abracadabrantesques) qui apparaissent dans l’histoire (des humains qui parviennent à respirer sans combinaison dans l’espace ; une chienne encore en vie après avoir passé 60 ans, seule, dans un satellite ; des personnages qui voient comme en plein jour alors qu’ils se trouvent dans la stratosphère censée être complètement noire…) ont une explication : en fait, on nous ment à propos de ce qui se passe dans l’espace ! Nos gouvernements nous mentent ! Et vous savez pourquoi ? Parce qu’ils ne veulent pas qu’on quitte la Terre. Pour que l’on continue à gentiment payer nos impôts !
Bon, vous l’avez compris, il est inutile de chercher un semblant de rationnel ici car tout n’est que délire dans Le voyage improbable. Un délire mené de main de maître par Turf qui pilote l’odyssée de ces 6 naufragés de l’espace avec grand talent. Un équipage totalement dépareillé (un gardien de phare misanthrope, un imposteur mythomane hypocondriaque, un professeur pédant et gaffeur, 2 jolies filles légèrement nunuches sur les bords et un anglais dont le français, ou plutôt le franglais, est assez approximatif) dont le potentiel comique est bien sûr énorme, des péripéties aussi imprévisibles que loufoques (on a droit à une partie de pêche au satellite !), des dialogues hyper percutants (ça fuse dans tous les sens, les personnages n’arrêtant pas de s’envoyer des saloperies…), des théories (comme celle du complot, dont on a déjà parlé) fumeuses, des running gags qui font leur effet (le nom de Fruchttück, constamment estropié par les autres personnages mais à chaque fois de façon différente ou Alizée que l’on prend systématiquement pour Elisa et vice-versa) : non, on a beau chercher, décidément rien ne manque pour faire de ce Voyage improbable un diptyque complètement hilarant. Les fans d’humour absurde vont être servis ! D’autant qu’ils auront droit à un papertoy (le fameux phare) à découper, monter et coller soi-même offert avec cette seconde partie.
(Diptyque – Delcourt)