BD. “On voyage…on bouffe…on boit…on baise…Et on a droit à de belles histoires. C’est la belle vie, non ?” Tous les pirates qui sillonnent les mers sans jamais mettre la main sur un trésor ne réagissent pas comme ça mais il faut dire que ces flibustiers-là ont un drôle de capitaine ! Un capitaine pas comme les autres. Car ce que Sherman aime par-dessus tout, ce sont les histoires. Et quand il raconte ses débuts de mousse sous le commandement de l’infâme Poigne-de-fer ou sa rencontre avec Pandora, le poulpe géant qui emmena le galion sur lequel il naviguait par le fond, ses hommes l’écoutent, subjugués. Et sont ensuite prêts à le suivre au bout du monde même s’ils ne sont pas sûrs d’y trouver ce que Sherman leur a fait miroiter…
Cela arrive de temps à autres : un illustre inconnu ou presque (il n’a sorti que quelques récits chez de petits éditeurs comme La Pastèque ou Polystyrène) qui débarque en catimini avec un bon gros pavé graphique (232 pages quand même) qui vous met une bonne claque. Cet illustre inconnu, qui n’en sera rapidement plus un, c’est Rémi Farnos. Et il vient de sortir l’un des meilleurs livres (avec La Route de Larcenet, bien sûr) de ce printemps avec Les Aventuriers de l’Urraca. Un récit de pirates mais qui renouvelle totalement le genre grâce à son héros atypique : ce charismatique capitaine barbu et lettré qui embarque, grâce à sa gouaille et son imagination, son équipage, et nous avec, dans ses péripéties, qu’elles soient fantasmées ou réelles. Une sorte d’alter ego fictionnel de l’auteur qui tient l’aventure et les livres en haute estime ! Un livre haut en couleurs, superbement écrit, qui mêle quotidien masculin sur un bateau, abordages spectaculaires, improbable chasse au poulpe géant et amour avec brio. C’est astucieux, truculent et très bien dessiné (un trait au crayon rehaussé de couleurs informatiques). Un vrai régal !
(Récit complet, 232 pages – Le Lombard)