BD. Davodeau a toujours alterné reportages et fiction mais ces derniers temps, avec Cher pays de notre enfance ou Les Ignorants, il avait plutôt donné la priorité au premier nommé. Les couloirs Aériens le voit donc revenir à la fiction. Pour un récit particulier. Puisqu’il a été pensé, écrit et réalisé non pas à 4 mais à…6 mains, avec ses copains de 30 ans que sont Christophe Hermenier et Joub. Des copains qui à l’époque de l’université voyaient les cinquantenaires comme des mecs finis. Sauf que c’est maintenant à leur tour d’avoir 50 ans…Et quand l’un d’eux, Christophe, a perdu coup sur coup son père et sa mère avant de se faire licencier, il a eu du mal à passer ce cap…Un moment particulier, il faut dire : le gros de sa vie semble derrière soi (les enfants ont grandi et ont quitté la maison ; les parents sont parfois morts ; sa vie amoureuse peut sembler un peu pèpère…) mais il reste encore beaucoup de bons moments à vivre. Encore faut-il le voir ! C’est cette crise de la cinquantaine que les 3 copains abordent dans Les Couloirs Aériens à travers Yvan, sorte de double fictionnel de Christophe qui vient de revendre l’appartement de ses parents décédés et s’est réfugié dans la maison familiale que Thierry lui a prêté le temps qu’il y voit plus clair dans sa vie. Mais loin de ses enfants (son fils bosse au Canada et sa fille est à Paris) et de sa femme (elle travaille à Taiwan), Yvan broie du noir dans le Jura. Heureusement, ses copains essaient de lui remonter le moral et de lui faire relativiser les choses…
Davodeau ne sera jamais un virtuose du dessin (son trait, simple et même parfois approximatif, est avant tout au service de la narration) mais il n’a pas son pareil pour saisir les petites vérités de la vie et du quotidien à travers ses récits de gens modestes, très dialogués, contés à hauteur d’homme. C’est une nouvelle fois le cas de Les Couloirs Aériens qui nous parle du temps qui passe, des enfants qui quittent la maison pour voler de leurs propres ailes, des parents qui meurent mais aussi des copains présents dans les moments difficiles et des rencontres que l’on peut encore faire et qui nous aident à continuer. Bref, il nous parle de la vie, avec beaucoup d’à propos et de justesse.
Gros coup de cœur (encore un ! Car c’est une habitude s’agissant des récits de Davodeau) que ce récit de copains cinquantenaires : Joub, Hermenier et Davodeau l’ont écrit ensemble ; Davodeau l’a dessiné ; Joub l’a mis en couleur et Hermenier y a inséré les photos qu’Yvan (en fait lui…) a prises des affaires de ses parents qu’il a récupérées lors de la vente de leur appartement avant de s’en débarrasser.
(Récit complet, 112 pages – Futuropolis)