BD. Japon, fin du XIXe siècle. Le moment de partir de la maison familiale est venu pour Hana. Elle va en effet épouser Matani Keisaku et va aller vivre dans son village de Musota. Alors, avant de la laisser partir, sa grand-mère Toyono profite des derniers moments, après vingt ans passés auprès d’elle à l’éduquer et à en faire une dame, qu’elle passe seule avec elle. Elles se rendent ainsi au temple Jison, où la mère d’Hana, et sa grand-mère avant elle, étaient venues accrocher des exvotos en forme de sein pour s’attirer les bonnes grâces des Dieux et Toyono lui prodigue quelques derniers conseils pour qu’Hana devienne une bonne épouse et une bonne mère…
Ce premier livre de Cyril Bonin qui paraît chez Sarbacane est comme une évidence. Et on se demande comment il est possible que l’auteur ne l’ait pas sorti avant. Car son travail graphique élégant et délicat, influencé par le manga, devait un jour rencontrer un récit se passant au Japon ! C’est maintenant chose faite avec Les Dames de Kimoto, qui propose le portrait de 3 générations de femmes japonaises dans le Japon encore traditionaliste de la fin du XIXe jusqu’à celui, un peu plus ouvert, des années de l’après seconde guerre mondiale. Hana, Fumio et Hanako. 3 personnalités différentes qui ont eu à composer avec le poids des traditions, les volontés de leurs mères respectives et les ambitions de leurs maris. Hana, qui a su se faire accepter dans la maison de son mari et s’épanouir tout en restant à sa place et en respectant l’étiquette. Fumio, la rebelle féministe, qui rejette violemment la société patriarcale japonaise et voulut suivre sa propre voie. Et la petite-fille, Hanako, sorte de synthèse des deux…Des portraits subtils et réussis, qui sonnent d’autant plus justes, notamment au niveau psychologique (ce qui ressort des Dames de Kimoto est que la relation grand-mère/petite-fille est plus simple que la relation mère/fille car les filles se rebellent contre leurs mères et leur éducation…), que la reconstitution du Japon proposée par Bonin est tout simplement parfaite. Que ce soit l’architecture, les paysages, les vêtements ou les attitudes (le respect que les femmes doivent montrer à leur mari, par exemple). Un joli récit, mélancolique et touchant, derrière son côté feutré et souvent tout en retenue inhérent à la culture japonaise.
(Récit complet, 112 pages – Futuropolis)