Planète Orion, loin dans le futur. Victime d’un traquenard, Kohlen, qui appartient à la caste des guerriers, a été jugé sur la place publique : marqué au fer rouge du sceau des décastés, il a aussi été condamné aux travaux forcés dans les mines. En attendant d’y être emmené, il croupit dans la forteresse pénitentiaire d’Augheen. Là, il rencontre Tryana, qui vient également d’être décastée. Pour avoir été trop curieuse ! Elle lui raconte en effet que quelques jours auparavant, à l’orée de la forêt, elle a vu une sorte de chariot volant se poser puis un homme très blond en descendre. Elle l’a suivi jusqu’au temple d’Issati où elle l’a vu faire la démonstration de ses puissants pouvoirs magiques (il a utilisé un objet dont une lumière puissante est sortie pour assommer un animal) aux officiants avant d’être surprise et arrêtée par les gardes…
Cela faisait quelque temps que l’on n’avait plus lu une histoire de Corbeyran. Parce que ses scénarios, prévisibles et en manque d’originalité, ne nous enthousiasmaient plus guère. Mais là on doit avouer être agréablement surpris par le premier tome de sa nouvelle série. Non que le scénariste y révolutionne la science-fiction (on retrouve en effet dans Les décastés d’Orion des thèmes chers à ce genre : terriens partis coloniser de nouvelles planètes dans d’autres galaxies, combat pour la liberté, puissants prêts à tout pour garder le pouvoir…) mais il y a là de belles idées qui donnent vraiment envie de découvrir la suite de ce diptyque. Et en premier lieu ce télescopage entre ces descendants de colons terriens demeurés à un niveau de progrès frustre et leurs lointains cousins restés sur la planète bleue qui maîtrise désormais les voyages intergalactiques et des armes de destruction massive et qui les surveillent, discrètement, de loin, pour pouvoir entrer en contact avec eux quand ils les jugeront prêts pour cela. Côté dessin, Jorge Miguel livre une belle copie dans une veine réaliste qui ne surprend pas mais qui est très maîtrisée. A l’aise pour mettre en images des scènes de combat aussi bien que les paysages arides d’Orion, le portugais démontre ici que son dessin peut s’adapter à tous les genres et se faire plus fin et léché (que sur Z comme Zombies par exemple) quand il le faut. Bref, les fans de space opera peuvent y aller les yeux fermés.
(Diptyque – Les Humanoïdes Associés)