BD. 1936, Rome. Alors qu’il est venu à Rome pour faire des fouilles à la demande de l’évêque Tertullio, la femme de l’archéologue Alexandre Dreuil est tuée par un membre de l’Ovra de Mussolini car alle avait eu le malheur de conduire une belle voiture de sport alors qu’elle a la peau colorée…Pour protéger Alexandre, l’évêque l’héberge au Vatican et le fait ordonner prêtre. Et pour l’aider à faire son deuil, il lui confie une mission : découvrir la vérité sur Flavius Josèphe, qui a écrit le grand ouvrage de l’Histoire contemporaine de Jésus mais que l’on accusa par la suite d’avoir travesti la réalité car il aurait trahi les siens, le peuple juif, pour devenir romain. Sa quête le mettra sur la route de la belle Esther, une femme juive que les russes obligent à travailler pour eux ; de Bilal, un palestinien à qui le grand Mufti de Jérusalem a fait croire qu’Alexandre était l’ennemi de leur peuple ou encore Wiesenbach, un scientifique de l’Ahnenerbe nazie qui veut prouver la supériorité du Reich en mettant la main sur la Ménorah, une antiquité d’une grande importance pour les juifs…
Pour cette nouvelle collaboration (le scénariste avait déjà écrit les 20 tomes de la série I.R.$ pour Vrancken), Desberg a proposé un scénario très différent au dessinateur : une saga historique (qui court de 1936 à 1942 sur fond de seconde guerre mondiale et de prémices de l’état d’Israël, la Palestine étant alors un protectorat anglais) teintée d’espionnage et…d’archéologie. On y rencontre donc des espions russes, des nazis, des palestiniens, des anglais, des juifs et Dreuil, l’archéologue français. Car l’idée centrale de Les Enfants du ciel est liée à son métier, Desberg voulant en effet ici démontrer l’instrumentalisation de l’Histoire par certains régimes (surtout autoritaires mais pas que…) pour servir leur idéologie…Particulièrement intéressant même si le scénario manque par moments de clarté : l’intrigue étant assez complexe, on peine en effet parfois à comprendre qui est qui et quelles sont les motivations de chacun. Visuellement, Les Enfants du ciel est cependant magnifique. Vrancken, qui a visiblement pris beaucoup de plaisir à dessiner ce récit d’espionnage à l’ancienne, livre un travail graphique de haute volée. Son trait réaliste est certes plutôt classique mais il s‘avère très lisible et les couleurs de Colette Vercouter sont superbes. Mention spéciale aux scènes se passant à l’époque romaine réalisée à l’encre de Chine sur papier couleur ivoire et aux décors aquarellés en arrière-plan !
(Récit complet, 184 pages – Daniel Maghen)