BD. Salomon a réussi à s’évader de la colonie pénitentiaire et Raphaël Bensoussan l’aide (à sa façon puisque l’homme fait dans la drogue et les femmes) à se cacher et à survenir à ses besoins. Quant à Moïse, son camarade de classe à Henri IV, Lipp, s’est arrangé pour travailler avec lui sur un exposé afin qu’il rencontre son père, un colonel qui lui propose de l’aider à obtenir la nationalité française tout en l’enjoignant de rejoindre le mouvement d’extrême-droite dont il fait partie, les Croix de feu, qui vise à renverser le gouvernement de Daladier…
Le travail graphique à 4 mains (on ne sait pas exactement qui fait quoi mais cela aboutit à un dessin très réussi, fluide mais expressif aussi) de Le Roux et Chevallier a un gros avantage : seulement quelques mois après la sortie du tome 2, on retrouve déjà les deux frères Rubinstein ! Avec un plaisir évident tant les 2 premiers tomes nous avaient enthousiasmés. Et rassurons tout le monde rapidement : Le Mariage Bensoussan est du même tonneau. Toujours aussi bien dessiné, on vient de le dire, la série continue de dérouler une narration parfaitement maîtrisée, Brunschwig proposant toujours ses allers et retours dans le temps, entre la vie en camp de concentration ou l’année du bac pour Moïse et les plans débrouille de Salomon pour se cacher dans un bidonville et s’en sortir financièrement en attendant que son frère ait son diplôme. Avec, comme toujours avec Brunschwig, des personnages particulièrement crédibles (avec leurs forces mais aussi leurs faiblesses), qui ont une vraie épaisseur psychologique et que le scénariste sait rendre attachants. Et, en toile de fond, la montée de la folie antisémite qui gangrène progressivement les sociétés européennes. Une série admirable qui rappelle, au travers des deux frères Rubinstein, ce que le peuple juif a traversé dans les années 30 et 40.
(Série, 72 pages par épisode – Delcourt)