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LES GRANDS CERFS (Nocq)

BD. Pamina vit reculée, dans une ancienne métairie, au beau milieu de la forêt vosgienne, avec son compagnon Nils. Pour fuir le bruit des hommes. Un jour, armé d’un appareil photo, un homme vient la voir dans son jardin. C’est Léo. Il vient lui demander l’autorisation d’installer une cabane d’affût sur son terrain, un peu plus bas, à proximité du ruisseau. Il veut venir y observer les grands cerfs, dont le territoire chevauche celui de Pamina. La femme accepte. Au contact de Léo, qui reviendra régulièrement, elle va découvrir le plaisir de se lever aux aurores pour observer ces animaux et leurs belles parures. Et apprendra tout de leurs habitudes : quand ils perdent leurs bois et leurs velours ou ce qui se joue lors de la saison du brame. Une véritable initiation à l’émerveillement. Que les chasseurs menacent malheureusement chaque année à la même période…

C’était un soir d’été. Gaétan Nocq finalisait des planches pour un nouveau projet de BD quand il entend la petite voix de Claudie Hunzinger parler de son roman Les Grands Cerfs à Laure Adler dans l’émission L’heure Bleue. Touché au cœur par les mots de la romancière, l’auteur eût immédiatement envie de lire ce roman. Et, très vite, d’en faire une adaptation. Personnelle, bien sûr, dans ces tons bleus envahis de rouge sur la fin que l’auteur avait déjà utilisé dans son précédent récit, le marquant Le rapport W,et avec ce travail graphique qui mêle crayons de couleur et craie rehaussés d’acrylique qui transmet ici magnifiquement la beauté de la nature sauvage et la magie de ces moments passés à attendre, parfois longtemps, le passage d’un renard, d’un cerf ou d’un sanglier. Car là est l’essence de ce récit : montrer combien la nature est merveilleuse et ce que l’on est en train de perdre à la détruire. Et la trahison de Léo (que Pamina découvrira en “enquêtant” après avoir eu des doutes sur le jeune homme) dans l’histoire rappelle aussi, bien sûr, celle de l’Homme envers la nature, qu’il sacrifie souvent aux impératifs économiques.

Nocq livre une histoire résolument atypique (le scénario est simple et il n’y a pas de rebondissements ou de coups de théâtre ici), à la narration volontairement contemplative puisqu’elle épouse le rythme de l’observateur à l’affût dans sa cabane. Une très belle ode écologique en même temps qu’un coup de gueule salutaire.

(Récit complet, 256 pages – Daniel Maghen éditions)

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