BD. Si la série principale se poursuit désormais avec Achdé et Jul, des auteurs sont invités à revisiter, en parallèle, Lucky Luke. Ainsi, après, notamment, Bouzard ou Bonhomme, c’est au tour de Blutch de s’atteler à la tâche. Pas si facile quand le cow-boy au grand cœur a été l’une de ses lectures d’enfance…Blutch a fait le choix de rester fidèle à l’esprit de Morris et Goscinny : le rythme de la narration est soutenu, le code couleur (des aplats de bleus, rouges, verts ou jaunes) est respecté, on a aussi droit, comme d’habitude, aux commentaires plein d’ironie de Jolly Jumper, aux panneaux de ville et leur message parfois étrange, aux shérifs incompétents ou encore à la traditionnelle bagarre dans le saloon. Mais l’auteur a bien sûr aussi voulu apporter sa patte à ce one shot. Ainsi a-t-il gardé son trait habituel, toujours aussi inspiré, plein de vie et de mouvement, pour éviter « d’imiter » Morris. Et il a aussi apporté des thèmes différents, qui lui sont chers. Notamment celui de la paternité. Car les « indomptés » du titre sont des enfants. Ceux de Rufus et Bertha Kinker (mais aussi un peu ceux, il en a trois également, de Blutch, dont le véritable nom est Hinker…, à qui il dédie ce récit…), laissés seuls à la cabane familiale car leurs parents sont partis se planquer dans un hôtel d’El Paso pour se faire oublier de la bande à Grubby Feller (qui est apparue pour la première fois dans l’épisode L’Escorte) et ainsi garder les 250 000 dollars du cambriolage de la banque pour eux seuls. Et sur lesquels Lucky Luke va tomber. Et devoir gérer, lui qui n’aime pas les enfants ! Cela donne un épisode haut en couleurs, souvent réjouissant, dont l’intrigue se partage entre l’enquête de Lucky Luke pour mettre la main sur les parents Kinker et la bande à Feller et les enfants (et il y a du travail…) à gérer.
Un Lucky Luke certes sans Daltons (Blutch explique qu’ils auraient pris trop de place dans l’intrigue) ni Rantanplan mais enlevé et surprenant. Un hommage réussi !
(Récit complet, 48 pages – Dargaud)