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LES JARDINS DE BABYLONE (Presl)

BD. Une compagnie d’exploitation d’eau basée au Moyen-Orient met à sec les réserves des pays environnants pour pouvoir commercialiser le précieux liquide et notamment l’envoyer sur une base lunaire afin d’irriguer sa serre ; pendant ce temps là des gens meurent de faim, incapables de faire pousser quoi ce soit à cause de l’aridité des terres. Ils attendent la nuit pour cisailler le grillage entourant des champs de choux pour y pénétrer et manger mais les gardiens n’hésitent pas à ouvrir le feu sur eux pour protéger les légumes destinés à être vendus en supermarché…à quelques kilomètres de là. Une situation intolérable contre laquelle la population ne va pas tarder à s’élever, afin de rendre ces ressources naturelles disponibles au plus grand nombre…

Dés ses débuts avec le très original Priape (sorti en 2006), le travail de Nicolas Presl nous avait tapé dans l’œil. Une singularité qui a continué à irriguer ses œuvres suivantes (on peut citer, entre autres, les excellents Fabrica ou L’Hydrie). Nicolas Presl a bien sûr affiné sa grammaire graphique depuis tout en gardant quelques constantes: récits entièrement muets et travail graphique en noir et blanc influencé par le cubisme. Depuis Orientalisme (paru en 2014), l’auteur a cependant introduit de la couleur dans son dessin pour raconter des histoires qui se déroulent au Moyen-orient. Et Les Jardins de Babylone s’inscrit dans cette nouvelle dynamique. Un récit choral d’anticipation, dans lequel l’auteur croise les destins des différents protagonistes (des parents habitant sur la base lunaire loin de leur fille, un couple d’insurgés, un ouvrier agricole qui se perd dans un champ, un agent chargé de retrouver la fille…) pour dépeindre une Terre devenue invivable et une société qui oblige chacun à surveiller son prochain, à le dénoncer, voire à le tuer si nécessaire. Où une poignée de nantis a mis la main sur les ressources naturelles, l’eau, les légumes, la végétation, la viande, devenus rares et exploite ceux qui n’ont rien et qu’ils peuvent donc obliger à faire à peu près n’importe quoi pour survivre. Un récit sombre (Presl aurait presque pu revenir à son noir et banc originel…) même si une lueur d’espoir affleure avec cette révolte (un clin d’œil au printemps arabe?) qui gronde et cet agneau sauvé miraculeusement de l’abattoir….Une narration inventive, en même temps politique et poétique. Toujours aussi personnelle et singulière !

(Récit complet, 328 pages – Atrabile)

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