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LES NUISIBLES (Macola)

BD. Bruno mène une vie simple et un peu décalée : responsable du trafic d’un pont, il aime cette vie paisible, à la campagne, où l’on peut circuler à vélo. A la campagne, il espère que son amie Maria va y rester. Car sa fille tente de la convaincre d’aller vivre à la ville, en appartement, plus proche d’elle : depuis que son père est mort, elle trouve cela dangereux pour sa mère de vivre isolée. D’autant que l’on dit que des étrangers occupent des fermes abandonnées des environs…

Si vous connaissez les récits précédents de Piero Macola, vous vous doutez bien que les nuisibles du titre ne sont pas ceux que l’on croit. Car que ce soit dans ses fictions (Dérives, chez Atrabile) ou ses documentaires (Kérosène ou Le tirailleur, chez Futuropolis), 2 constantes s’en dégagent : l’intérêt que l’auteur porte aux gens simples et surtout leur grande et belle humanité. C’est une nouvelle fois le cas dans Les nuisibles, dont les protagonistes sont Bruno, donc, et Anton, dont on n’a pas encore parlé. Anton qui vient de Moldavie et qui est arrivé en Italie il y a 9 mois mais qui rêve d’aller en Suède. Car là-bas, c’est une “autre vie” : on peut avoir une maison, une voiture type 4×4, bref on peut être heureux. Pour réaliser son rêve, Anton bosse sur des chantiers, au noir, payé 3 euros de l’heure, 10 à 12 heures par jour. Exploité par des gars comme Loris, prêts à le jeter au fleuve s’il lui arrive quelque chose sur un chantier…

Alors qui sont les nuisibles, demande, en filigrane, Macola ici? Ceux qui quittent leur pays pour migrer en Italie ou en France, des rêves de vie meilleure plein la tête ? Ou ceux qui profitent de leur précarité et de leur clandestinité pour se faire de l’argent sur leur dos et leur santé ? Un récit simple mais sensible (le travail graphique aux crayons, fin et délicat, idéal pour mettre en exergue la fragilité des personnages, y est clairement pour quelque chose) et qui fait mouche en obligeant le lecteur à voir les choses d’un angle différent. Une voix singulière dans la bd actuelle.

(Récit complet, 120 pages – Futuropolis)


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