BD. Des rues en ruines, le désespoir partout, la guerre qui détruit les cœurs : les Ténèbres recouvrent le pays d’Amel. Alors quand la famille Hudhad décide de fuir, ses grand-parents décident de leur confier l’orpheline, avec un faux passeport et de l’argent. D’abord passer la frontière puis aller à Paris. Et garder espoir et ses rêves pour y parvenir. Surtout ne pas se retourner. Même quand elle est séparée des Hudhad et se retrouve seule dans un camp. Car si elle doit se méfier des prédateurs qui rôdent, prêts à la dévorer si elle montre sa peur, elle peut aussi compter sur de belles rencontres et l’aide d’Aïda, de Bacem et surtout des oiseaux…
L’exil nécessaire, la traversée clandestine des frontières pour rejoindre l’Europe, la mort qui rôde autour de ces réfugiés : bien sûr cinéma, théâtre, littérature et bande dessinée ont déjà raconté cela. Mais jamais comme dans Les Oiseaux ne se retournent pas, on peut vous l’assurer. Non. Pas avec cette force graphique sombre, magnifique, faite de trait au feutre, de fusains, d’aplats de noir troués ici ou là de rouge, d’orange ou de bleu lumineux. Pas avec cette poésie teintée d’orient qui mêle musique, extraits d’œuvres de Farîd od-dîn ‘Attâr, rêves (les oiseaux du titre qui accompagnent Amel tout au long de son voyage) et réalité. Pas avec cette sensibilité qui raconte cette errance pour trouver la paix et l’espoir à hauteur d’enfant.
Un conte noir pour raconter la guerre, l’exil, la souffrance, la séparation, la mort mais aussi, symbolisés par ces touches de couleurs vives, la force de vie, l’amitié et l’espoir. Une révélation !
(Récit complet, 224 pages – Delcourt/Mirages)