BD. En Chine, dans une région pauvre et isolée, un professeur se bat, malgré la maladie, pour que ses élèves puissent continuer à venir à l’école, en proposant à ceux qui habitent trop loin ou qui sont battus par leur père, d’y dormir. Au même moment, ailleurs dans l’univers, une guerre qui a duré des milliers d’années vient de se terminer. Mais pour éviter que les envahisseurs de l’empire du silicium ne puissent revenir, la fédération galactique des civilisations carbonées a décidé de créer un cordon d’isolement de cinq-cents années-lumière en détruisant les centaines de millions d’étoiles du secteur pour éviter les voyages stellaires. Les planètes accueillant de la vie ayant développé une civilisation de niveau 3C devront cependant être épargnées…
Quand un éditeur lance une nouvelle collection, il choisit un récit fort pour l’inaugurer. On n’a donc pas vraiment été surpris de la qualité de La Terre vagabonde, d’autant qu’il était signé par des valeurs sûres de la BD : Bec et Raffaele. Mais on attendait bien sûr la sortie suivante de Les Futurs de Liu Cixin un peu au tournant. Et on avait tort : Les Trois lois du monde est de nouveau une réussite totale. Cette fois, logiquement (Liu Cixin vient du même pays…) confiée à un chinois (qui a signé le très bon Saving human being ou encore Crusaders), cette seconde adaptation d’une nouvelle (rappelons que 15, en tout, seront adaptées) de Liu Cixin est simplement parfaite.
Il faut dire que le matériau d’origine était de qualité : l’écriture de Liu Cixin, que l’on apprend à connaître, est belle, humaniste et lumineuse. Et Zhang Xiaoyu a réussi à la transposer de façon très naturelle en BD. La narration, qui alterne scènes sur Terre dans l’école de Li, un professeur entièrement dévoué à ses élèves qui essaie de leur faire comprendre, à eux mais surtout à leurs parents (qui les gardent parfois pour travailler aux champs), l’importance de l’éducation et séquences dans l’espace décrivant cette guerre incroyablement brutale et longue et, surtout, la création de cette zone d’exclusion pour qu’elle n’aie plus jamais lieu, fait preuve d’une grande maîtrise, faisant avancer l’intrigue de façon fluide tout en préservant le mystère (on se demande bien sûr, de prime abord, quel rapport il y a entre l’école chinoise et cette guerre intergalactique…) au cœur du récit quasiment jusqu’à sa conclusion. Et le travail graphique de Xiaoyu Zhang est au diapason : très personnel (avec une patte asiatique fort bienvenue…), il se montre très inspiré : aussi à l’aise pour mettre en scène les vaisseaux intergalactiques que la simplicité et la rusticité de la campagne chinoise, il est aussi dynamique qu’expressif. Bref, Les Trois lois du monde est un très beau récit, de ceux dont on se souvient longtemps après les avoir lus. C’est aussi un hommage aussi original que marquant au métier d’enseignant !
(Récit complet, 106 pages – Delcourt)