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L’ESPRIT ROUGE (Zéphir/Le Roy)

espritrougeMaximilien Le Roy est surtout connu pour son côté engagé et libertaire. C’est en tout cas cet aspect de sa personnalité qui transparaît le plus de ses récits de bande dessinée. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il est aussi passionné de poésie. Il a d’ailleurs déjà écrit plusieurs livres sur des poètes. Et avec L’esprit rouge il a cette fois voulu se pencher sur les dernières années de la vie d’Antonin Artaud. Ou plus exactement sur 2 périodes bien distinctes de la vie du poète (qui était aussi acteur et écrivain) s’étant déroulées à 8 années d’intervalle. Le voyage qu’il entreprit pendant quelques mois au Mexique en 1936 pour aller aux racines ancestrales de ce pays et trouver, au contact des indiens et de la révolution qui gronde, une vérité et des enseignements à rapporter à l’Europe capitaliste qui s’égare. Et ses 3 années d’internement à Rodez, un peu plus tard, d’où il ressortira après une cinquantaine d’électrochocs. Et pour s’approcher au plus près de ce qu’Artaud a vécu, pensé et ressenti lors de ces 2 expériences profondément marquantes pour lui, Le Roy a opté pour un récit très contemplatif, aux nombreuses scènes muettes. On voit ainsi Artaud tenter de s’immerger dans la culture indienne pour comprendre ce qu’elle a de vrai, d’authentique, de spirituel. Ou se battre contre l’ennui et l’isolement qui l’empêchent de créer et d’écrire dans l’hôpital psychiatrique. Essayer de vaincre sa dépendance à l’opium. Ou traverser des crises d’angoisse violentes.

Zéphir (dont on avait déjà beaucoup aimé la première bande dessinée, Le grand combat) est au diapason de cette quête aussi poétique qu’utopique (ce qu’Artaud cherchait était difficilement atteignable), livrant un très joli travail graphique, brut et personnel (rappelant celui de Jorge Gonzalez sur Chère Patagonie ou Maudit Allende), qui s’attache davantage à retranscrire des émotions, des impressions, des sensations qu’à être réaliste. Il y parvient avec beaucoup de réussite, proposant quelques scènes (la cérémonie indienne ou celle où Artaud essaie le peyotl…) incroyablement inventives.

L’esprit rouge est une évocation sensible et originale de la vie d’Artaud mais qui, de par son traitement graphique ou le thème abordé, ne parlera pas à tout le monde.

 

(Récit complet – Futuropolis)