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L’ETRANGER (Ferrandez)

BD. Meursault vient d’apprendre la mort de sa mère par télégramme. Le temps de prendre un congé de 2 jours auprès de son employeur et il monte dans le bus pour aller la veiller et l’enterrer près de l’asile où il l’avait placée, à Marango, à 80 kilomètres d’Alger. Puis tout s’enchaîne de retour à la capitale : la rencontre avec Marie aux bains de mer, Sintès, son voisin, qui lui demande de l’aider à punir sa maîtresse peu reconnaissante, la maison de Masson sur la plage, la bagarre avec les arabes, le pistolet sorti, les 5 coups de feu, la cellule et la condamnation à mort…

Voilà un récit qui va certainement vous rappeler des souvenirs de collège. D’ailleurs, vous n’avez peut-être pas ré-ouvert le livre depuis…Cette nouvelle édition (qui propose, en bonus, un cahier, avec dessins et photos, dans lequel Ferrandez retrace l’itinéraire de Meursault au cœur d’Alger, ville où lui-même est né) vous donne l’occasion de redécouvrir le roman de Camus. Et en lisant cette adaptation, on se demande pourquoi on nous faisait lire (j’espère que ce n’est plus le cas…) L’Etranger si tôt. Car honnêtement, il faut une certaine maturité pour saisir ce que Meursault nous dit de la mort et surtout de la vie. Oui, il faut avoir vécu un bon moment pour appréhender l’attitude passive et résignée de cet anti-héros face aux événements : pour comprendre pourquoi il ne pleure pas à l’enterrement de sa mère, pourquoi, quand Marie lui demande de l’épouser, il répond un “Cela m’est égal mais pourquoi pas ?” ou encore pourquoi il accepte d’aider Sintès alors qu’il sait très bien qu’il va battre sa maîtresse…Et comment entendre son témoignage de condamné à mort qui nous livre, depuis sa cellule, ses pensées et l’état d’esprit dans lequel il se trouve si l’on n’a pas encore connu le deuil, l’Amour et d’autres expériences fortes de la vie ? Car l’étranger du titre, dans le récit, ce n’est pas l’arabe qui est tué mais bien Meursault, qui traverse la vie en étranger, en fantôme, incapable de s’y faire et d’oublier ce qui nous attend, peu importe ce que l’on vit et avec qui. Et c’est finalement pour cela qu’on va lui trancher la tête…

Un côté existentialiste que Ferrandez met parfaitement en avant ici, dans cette très belle adaptation. Une de plus, après L’Hôte et Le Premier Homme, car l’auteur est un peu devenu l’adaptateur officiel des romans de Camus en BD.

(Récit complet, 148 pages – Gallimard BD)

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