Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas parlé de Lincoln, héros atypique, orphelin né en plein far west. Totalement nihiliste, il ne trouve de plaisir à rien sur Terre à part peut-être à être désagréable et malveillant avec les autres…Du coup, Dieu se devait de faire quelque chose. Il lui a donc octroyé l’immortalité pour se laisser le temps de lui prouver que sa création, si l’on y regarde bien, n’est pas si mal que ça…Il était donc temps, en tout cas, de prendre de ses nouvelles. Et notre homme n’a pas beaucoup changé, continuant à ne vouloir en faire qu’à sa tête. Quoique, pour une fois, après une bagarre commune avec le tenancier d’un bar et ses acolytes au Havre, il devient copain avec Medoro, un anarchiste italien qui lui propose de rentrer avec lui aux Etats-Unis pour y faire éclater la révolution comme en Russie. Ni Dieu, ni maître ? Lincoln n’y comprend pas grand chose à ces histoires de communisme et il s’en fout un peu d’ailleurs mais après quelques verres, l’idée d’emmerder les riches et les puissants lui plaît bien. Pour une fois, ça changera…
La grande idée de la série de la famille Jouvray (on rappelle qu’Olivier scénarise, Jérôme dessine et sa femme, Anne-Claire, met en couleur), c’est bien sûr d’avoir fait naître Lincoln à la toute fin du XIXe siècle, ce qui lui permet de plonger son héros dans les différents événements marquants (et il y en a eu quelques uns…) de l’époque. Et après la conquête de l’ouest américain, la révolution mexicaine ou la première guerre mondiale, c’est cette fois au mouvement anarchiste auquel ils ont décidé de confronter ici Lincoln. Qui, comme à son habitude, se retrouve un peu embrigadé malgré lui (c’est le principal ressort humoristique de la série, avec les discussions, et paris !, en coulisses de Dieu et du diable au sujet de Lincoln et des Hommes…), subissant les choses plus qu’il ne les choisit, influencé, comme souvent, par le diable qui vient une nouvelle fois lui souffler quelques idées peu charitables. Mais Dieu peut avoir de l’espoir car si Lincoln veut bien aider Medoro et sa bande d’anarchistes à emmerder les puissants, il refuse de tuer des innocents…
Un neuvième épisode sympa, qui nous permet de retrouver le dessin bien agréable de Jérôme Jouvray, avec quelques clins d’œil drôles à Kokor (qui tient un bar dans Ni Dieu, ni maître) ou à Edith (il faut dire que l’on est ici chez elle et Riff Reb’s, son compagnon, au Havre…), sans être le meilleur de la série cependant. Le scénario de Ni Dieu, ni maître manque un peu de surprises en stock pour cela.
(Série – Paquet)