BD. Chine. Alors que le festival de la neige et de la glace bat son plein, un artiste inattendu s’invite parmi les sculpteurs : un extra-terrestre venu du néant, de la matière noire pour être très précis, qui érige l’Art comme but absolu. Il le place même au-dessus de la science ou de la politique. Il se définit comme un artiste du froid extrême et veut en faire la démonstration au confrère humain à qui il parle : il va travailler à une œuvre monumentale qui dépasse l’entendement. Mais pour cela il a besoin d’eau, beaucoup d’eau, qu’il va ensuite geler. Et rapidement après qu’il se soit mis au travail, cours d’eau, mers et océans commencent à s’assécher…
Depuis le début de Les Futurs de Liu Cixin, la collection d’adaptations de romans et nouvelles de l’auteur chinois souffle le chaud…et le froid. Et après un Humanité invisible surprenant et réussi, ce nouvel épisode, L’Océan des rêves, déçoit. Le travail graphique de Jok, dessinateur argentin que l’on découvre ici, n’est pas en cause, son dessin semi-réaliste rehaussé de couleurs informatiques, qui est fluide et montre de la personnalité, fait plutôt bien le job. Non, c’est plutôt au niveau du scénario que le bât blesse. Terne, l’histoire n’enthousiasme guère. Passée la surprise de l’arrivée de l’extra-terrestre radical et du danger que son œuvre va vite représenter pour l’Humanité, on n’a plus beaucoup d’occasions de se passionner. Même le message de Liu Cixin (en gros, l’Art ne doit pas être au-dessus de tout) paraît naïf car proche d’une lapalissade. Reste ce point de vue chinois, forcément original car on n’y est pas habitués, du récit avec les américains qui sont dépeints comme des brutes qui veulent tout de suite lancer les hostilités tandis que les chinois favorisent quant à eux le dialogue avec l’extra-terrestre. Ou encore le message écologique de Cixin qui rappelle l’importance de l’eau pour la survie de l’Humanité et la nécessité de la gérer de façon concertée et collective. Cela fait assez peu quand même. Espérons que le dernier tome clôturera la collection sur une meilleure note. Mais quand on voit qui signe Les Migrants du temps (le duo d’Orbital, Runberg et Pellé), on ne peut qu’être confiants !
(Récit complet, 94 pages – Delcourt)