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L’ŒIL DU MARABOUT (Pendanx)

BD. Un avion se pose sur « l’aéroport », une simple piste, de Bentiu, un camp de réfugiés situé au Soudan du Sud géré par le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés. Une petite, Nialony, en descend avec un membre d’Unicef. Après de longues recherches, elle a été retrouvée et va pouvoir rejoindre ses parents et son frère Georges, dont elle avait été séparée quand les premiers combats entre factions ethniques Nuer et Dinka du président Kiir et de son ex-vice-président Machar avaient éclaté. Là, elle va devoir apprendre à se familiariser avec cette nouvelle vie : à cette ville bizarre constituée de milliers de containers et de tentes, à ses habitants qui sont parfois étranges, hagards ou mutiques, parce qu’ils ont vécu des choses traumatisantes, à la file d’attente, très longue, pour remplir quotidiennement les bidons d’eau potable et aux militaires qui surveillent les environs, peu sûrs, depuis leurs miradors…

Jean-Denis Pendanx a été invité à se rendre dans ce camp en 2016 où, pendant deux semaines, il a animé un atelier d’art thérapie, formé des instituteurs à donner des cours de dessin ou réalisé une fresque sur le mur d’une salle de classe avec des enfants. Une expérience unique, marquante (il y a, par exemple, rencontré des ex-enfants-soldats…) qu’il a toujours eu envie de transposer en bande dessinée. Pour témoigner de ce que les réfugiés vivent, pour parler de la situation, toujours préoccupante même si un cessez-le-feu a été décrété, au Soudan du Sud et pour rendre hommage au travail des bénévoles de l’Unicef et des membres de l’ONU. Mais la forme se dérobait. L’auteur a finalement trouvé la bonne façon de « raconter » ce camp et les réfugiés qui y vivent : à hauteur d’enfant, celle de Nialony, à travers laquelle, on visite le camp, découvre son fonctionnement et ses habitants (réfugiés, militaires, bénévoles…) et vit les événements. Un choix qui rend la narration naturelle et authentique, tout en lui conférant un petit côté poétique/fantastique (le marabout du titre, un oiseau aux longues pattes, chassé dans ces régions car il porte le mauvais œil, discute à plusieurs reprises avec la petite fille), représentant l’imaginaire enfantin, bienvenu.

Une évocation sensible (le trait au pinceau délicat et les couleurs, à l’aquarelle, superbes et très justes, y contribuent clairement) et incarnée de ce conflit et de ses conséquences sur les populations. Que l’on peut prolonger avec le dossier bonus, qui propose textes, dessins et beaucoup de photos prises à l’époque, qui se trouve en fin de livre…

(Récit complet, 160 pages – Editions Daniel Maghen)

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