Ça y est, c’est fait : “Lucha libre” sort enfin son intégrale. Un bon gros pavé de 300 pages regroupant les 6 premiers numéros de l’anthologie que l’on peut aussi utiliser pour “écraser la tronche” de ceux qui vous font des remarques sur vos lectures, dixit le grand manitou du projet : Jerry Frissen, également connu pour avoir commis “Les zombies qui ont mangé le monde” avec Guy Davis. On retrouve donc ici tout l’univers, mélange de catch mexicain (d’où le titre…), de comics, de série Z et de bd franco-belge, délirant et épicé comme un bon taco, de notre belge immigré aux States préféré.
“Lucha libre” se présente en fait comme un magazine deluxe avec ses séries phares (“The Luchadores Five”, “Les Tikitis” ou “Tequila”), des histoires gag en une planche (celles de l’écœurant Professeur Furia, arnaqueur sans vergogne ou de Melendez, petit garçon passionné de catch mais vraiment pas doué pour cet art dans les “Luchadoritos”), des reports sur le monde de la Lucha (sa mythologie, ses héros, ses films…), de l’autopromotion (tant qu’à faire…) et des billets d’humeur gentiment dingos signés par Frissen ou par son bras droit, Inés Vargas.
Les héros de ces séries portent des masques et des noms (El Gladiator, Red Demon, Polynome Z ou Docteur Sumo) de combattants de la Lucha libre car ils se prennent pour des justiciers au service de la veuve (surtout) et de l’orphelin (s’il leur reste du temps). Et ils ont fort à faire car règne à L.A. une faune assez peu fréquentable : un dinosaure qui effraie les autochtones, des savants fous qui ont en tête les pires expériences machiavéliques, des loup garous venus d’on ne sait où, Elveze, sorte de fantôme d’Elvis projetant de régner sur le monde ou des zombies aquatiques accros au cuir et au rock’n roll…Sans parler de cette bande de français en béret qui se balade dans sa Citroën Cx présidentielle ayant appartenu à De Gaulle himself et qui n’attend qu’une chose : en découdre là où la culture française -le camembert et Sardou- est en danger !
Alors ça bastonne beaucoup dans “Lucha Libre”, forcément. C’est même un peu le principe. Et ça délire à tout va. D’ailleurs la seule règle que Frissen semble avoir imposé à sa bande (Bill, Fabien M, Gaultier, Witko ou Gobi) est de ne jamais se prendre au sérieux. Bien sûr, l’ensemble est parfois inégal et certaines séries (comme “Tequila”) sont assez dispensables mais ce grand n’importe quoi complètement loufoque et totalement imprévisible est souvent hilarant et hyper rafraîchissant. On en redemande.
(BD – les humanoïdes associés)