ALBUM. Du post-punk russe, ça vous dit ? Attention, du vrai, chanté dans la langue de Lénine et tout et tout, hein ! Ca a au moins le mérite d’être un peu exotique, non ? Peut-être pas autant que du math-rock malaisien ou du noise-rock malgache mais quand même… Ce n’est pas si souvent que ça que des albums de groupes russes arrivent jusqu’à chez nous. D’ailleurs, c’est avec We Are et son titre en forme de présentations que Lucidvox a franchi le pas. Auparavant, les disques du groupe ne sont en effet sortis que dans leur pays et seuls Poutine et ses concitoyens pouvaient en profiter. Peut-être parce que Lucidvox n’avait pas la confiance nécessaire pour cela. Et peut-être tout simplement parce qu’il leur fallait apprendre à jouer de leurs instruments ! En effet, 2 des 4 membres ont appris à en jouer en fondant le groupe en 2013… En tout cas, les 4 jeunes femmes ont eu là une riche idée, leur musique ayant pas mal d’atouts à faire valoir. A commencer par sa singularité. Car si le groupe est clairement influencé par le post-punk et des groupes comme Siouxsie and The Banshees ou Sonic Youth, Lucidvox y ajoute sa patte personnelle : une bonne louchée de rock-psyché qui fait parfois prendre des détours, aussi atmosphériques que réussis, aux morceaux et incorpore aussi des éléments de folklore slave, notamment dans le chant, aux titres. Comme si le Goran Bregovic d’Ederlezi se mettait à frayer avec du rock-indé. Etonnant mais plutôt bien fait. Et si les intenses Amok ou Knife, plus directs et efficaces, sont les titres qui sortent du lot immédiatement, d’autres morceaux, comme le plus mélancolique You Are ou Runaway et ses passages post-rock jazzy hantés par une trompette, qui demandent davantage d’efforts de la part de l’auditeur, sont dignes d’intérêt aussi. Une belle découverte !
(Glitterbeat/Modulor)