BD. Les scénarios de Zabus ont vraiment quelque chose. Quelque chose en plus, appelons cela un supplément d’âme, qui rend ses récits beaux et touchants. C’était le cas de L’Eveil ou Autopsie d’un imposteur réalisés avec Campi. Et c’est de nouveau le cas de Mademoiselle Sophie, mis en images par Hippolyte, avec qui il avait déjà créé Les Ombres et Incroyable ! Cette fois, notre homme pointe les projecteurs sur Romain, 11 ans, qui va bientôt traverser la rue pour passer de l’école au collège. Un garçon qui devient tout doucement adolescent (“Est-ce que cela veut forcément dire qu’il va avoir des boutons et délaissera ses copains pour les filles ?”) et perçoit désormais des choses qui étaient invisibles à ses yeux auparavant. Comme le mal-être de son institutrice. Qui croule sous les kilos et donne l’impression qu’elle va mourir en montant les escaliers qui mènent à la classe au retour des vacances de printemps. Mademoiselle Sophie a toujours été grosse, bien sûr, mais là elle ressemble vraiment à un hippopotame ! Et, surtout, elle semble ailleurs…Qu’est-ce qui a bien pu lui arriver pendant les vacances ? Sur les conseils de sa grande sœur Louise, Romain va enquêter et “observer toutes les nuances pour voir derrière les apparences” et comprendre ce qui arrive à Mademoiselle Sophie…
Une investigation magnifiquement racontée, à hauteur d’enfant (du coup le livre peut se lire par petits et grands) par Zabus qui révèle, par petites touches, le douloureux secret du mal de vivre de l’institutrice tout en montrant la maturité dont Romain (le lion du sous-titre c’est lui…) fait de plus en plus preuve à mesure qu’il découvre la face cachée de Mademoiselle Sophie. Une histoire finalement simple -une institutrice complexée qu’un garçon qui grandit veut comprendre et aider- mais belle et touchante car remplie d’une vraie et jolie humanité. A laquelle Hippolyte (que l’on rencontre désormais plus souvent dans la BD de reportage, pour la revue XXI) donne vie avec talent. D’un trait simple et enfantin idoine rehaussé d’aquarelles aux teintes souvent vives, reflets des émotions des personnages. Gros coup de cœur !
(Récit complet, 168 pages – Dargaud)