BD. Mimmo et ses copains s’ennuient dans leur village. Il faut dire que dans ce coin perdu d’Italie, il n’y a pas grand-chose à faire. A part jouer de la musique. Alors quand la célèbre émission musicale Vieni Cantare annonce qu’elle va venir à Scamoza pour un casting, Mimmo sait que c’est leur chance. Mais pour ça, il va falloir convaincre les autres de reprendre le groupe : d’abord retrouver Cesare, qui a disparu depuis quelques jours (depuis les explosions sur le chantier de l’hôtel en fait…), pour s’assurer qu’il voudra bien tenir le micro, puis prévenir Guido le bassiste…
Après Come Prima paru il y a 10 ans et Senso sorti 6 ans plus tard, la parution de Maltempo vient en quelque sorte clore la trilogie « italienne » d’Alfred. Pour Maltempo, l’auteur s’est une nouvelle fois inspiré du temps qu’il a passé dans ce pays (il y a même vécu quelques années et envisage d’y retourner) dont est originaire une moitié de sa famille, de ses souvenirs, de lieux, de films, d’odeurs, de ses fantasmes aussi. Voilà pourquoi le récit brosse un portrait subjectif de l’Italie d’aujourd’hui : celle des Vespa dont les conducteurs sillonnent les ruelles des villages un peu morts ; des garçons dont la fierté les empêchent de dire qu’ ils vont rendre visite à leur mère mourante à l’hôpital ; de l’extrême-droite qui gagne de plus en plus de terrain à mesure que la crise des migrants prend de l’ampleur ; de la mafia aussi qui s’érige parfois en seule solution pour s’en sortir et des jeux de séduction entre filles et garçons…Il le fait à travers l’histoire de Mimmo et ses amis qui vont, malgré les difficultés (ils n’ont pas d’endroit pour répéter, les cymbales de la batterie sont des couvercles de casseroles…) et les imprévus (la guitare de Mimmo est cassée quand la bande de fachos de Ciro « tombe » sur Mimmo, le chanteur se fait arrêter juste avant l’audition…), aller jusqu’au bout de leur rêve : passer l’audition pour aller en finale à Rome. Un joli récit, truculent et tendre à la fois, qui sonne juste, à l’image du dessin chaleureux d’Alfred, ici rehaussé des couleurs très réussies de Laurence Croix.
(Récit complet, 184 pages – Delcourt/Mirages)