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MARVIN hangover the top

Rarement un second album n’aura été autant attendu… que ce soit par les sceptiques, plein d’aprioris négatifs, ou par les fans, convaincus d’avance. Si de mon côté, les derniers concerts du groupe m’avaient laissé un léger doute, je me doutais que le passage chez Miguel Constantino (Papier Tigre, Clara Clara, Kimmo, etc.) pouvait donner un résultat détonnant.

Le CD se présente donc dans un joli digipack au visuel correspondant parfaitement à Marvin : sur le devant une pyramide futuriste nous renvoie à Trans AM, et aux délires électro du groupe, tandis qu’à l’intérieur, une foule happée par un concert du trio marque le lien avec le précédent album (sur lequel on voyait déjà une scène originale de concert) et le côté humain, très « bande de copains », que véhicule Marvin. Bref, jusque là, les repères sont clairs, on peut passer à l’écoute…
Et dès le départ, ça commence fort, avec un « Roquedur » qui ne pouvait pas mieux porter son nom ! Marvin ne s’interdit rien, et le revendique haut et fort avec ce premier morceau aux intonations totalement hard-rock. C’est aussi la première fois qu’on retrouve Fred au chant. Nous voilà prévenus, le trio ne refera pas une copie du premier album… il avance, se lâche, expérimente… Je ne suis pas fan des délires heavy metal, et des solos à la tierce, mais c’est vrai que le trio sait si bien le faire qu’il est dur de résister à ce premier titre au mauvais goût prononcé. Je ressors avec un sourire sur les lèvres… Puis « Au 12 » remets les pendules à l’heure, en dehors d’un solo hardos ici qui vient montrer que les Marvin ne veulent pas se prendre au sérieux, c’est un excellent morceau, dansant et noise. Du pur Marvin. Puis « Dirty Tapping », l’un des tubes incontesté de l’album vient imposer leur style aux programmateurs de radios. Morceau dansant, vocoder à l’honneur, refrain entraînant, « Dirty Tapping » n’utilise pas ce que je préfère dans la musique, mais réussit à être indispensable. Vrai tube. Le trio sait utiliser les grosses ficelles, et le fait avec brio. Bien entendu, c’est là que le fan de la première heure risque de lâcher son « c’était mieux avant« , quand le groupe était punk, sans ce côté radio… et c’est là que Marvin, plus prévoyant que jamais, lui répond par ce « Reste bien tranquille », fait pour lui… un morceau dans la droite lignée du premier album. Direct, sans fioritures. Toujours aussi jouissif. C’est bon là, t’es à nouveau dans le bain ? Alors c’est reparti avec « Conan le Bästard » qui rend sans doute hommage au groupe lyonnais… ou plus indirectement à Zëro avec qui les montpelliérains ont joué. Musicalement, Marvin nous inflige là un groove démentiel qui risque d’en rendre fou plus d’un, avant de donner tout son sens au titre avec un final plus héroïque que jamais ! L’arrivée de Conan façon guitare héro en collant fait froid dans le dos ! Nouveau sourire. « Good Radiation » confirme l’affiliation avec Trans AM. Le vocoder refait son apparition. Bon, ce n’est vraiment pas ce que je préfère le vocoder. Passons. « Moustache 34 » revient dans un délire plus noisy, moins tubesque, mais a le mérite de montrer que Marvin sait aussi rocker sans boule à facettes au dessus de la tête. Et j’apprécie. « Fear », avant dernier morceau, serait-il un hommage au groupe punk / hardcore du même nom ? J’en doute. Il n’en reste pas moins un bon morceau, peut-être un peu confus, en dessous du reste, mais plein de bons passages. Et enfin arrive le fabuleux « Here Come The Warm Jets », reprise psychédélique du morceau de Brian Eno… Un bordel touchant, des ambiances dignes des bons Pink Floyd, et un final fédérateur plus que bienvenue. J’adore ! Quel plaisir surprenant d’entendre un morceau fonçant droit devant, quel plaisir de les entendre tous chanter à l’unisson, quel plaisir de se noyer dans cette reverb, quel plaisir de se retrouver ensemble sur la plage de la pochette ! Excellente reprise, excellent final !
Voilà, Marvin l’a fait. Son deuxième album est une réussite. Ils sont passés du disque spontané au disque réfléchi sans se prendre les pieds dans le tapis. Et même si je n’adhère pas à tous leurs choix (les délires hard rock risquent de me gonfler sur la longueur), je ne peux nier que cet album, complet et varié, trou le cul. Bravo les gars (et la fille) !

(Album – Africantape)

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