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MENTAL INCAL (Russell/Paquette)

BD. L’Incal lumière a été volé dans le vide qui sépare le vivo-monde du psycho-monde, mettant par la même ce dernier en péril. Mère-Magora prend l’initiative de partir à sa recherche sans en référer à l’ordre des psycho-nonnes, faisant disparaître derrière elle les planètes par où elle est passée à l’aide d’un brise-planète…Ayant eu vent de ces attaques, la mère des Berg a décrété l’interdiction de venir sur leur planète. En attendant que l’un des nombreux agents qu’elle a envoyés dans l’univers ne retrouve l’Incal. Pendant ce temps-là, John Difool, qui a été engagé par l’impéroratriz après la destruction de Planète d’Or, mène aussi l’enquête pour découvrir qui sont le ou les responsables…

Pour cette nouvelle incursion dans l’univers de L’Incal créé par Jodorowsky et Moebius, les Humanoïdes Associés ont de nouveau (après le réussi Kill tête de chien de Thomas et Woods) confié les clés du camion à deux pointures du comics américain : Mark Russell et Yanick Paquette, un habitué des reprises de séries mythiques puisqu’il a déjà mis en images Batman, Superman ou Wonder Woman. Et effectivement le canadien reprend le flambeau graphique avec talent, respectant le cahier des charges tout en apportant sa touche personnelle. On retrouve donc, avec plaisir, sous ses pinceaux, John Difool, le méta-baron, Kill tête de chien ou encore Deepo, fidèles à eux-mêmes, juste un peu modernisés et passés par le filtre comics (on le sent notamment dans le découpage, très alerte). Car Mark Russell a décidé, avec Mental Incal, de situer l’intrigue avant L’Incal Noir, un choix malin qui lui a donné plus de latitude, ce préquel lui permettant en effet d’imaginer ce qu’ont vécu les personnages mythiques de la série avant qu’elle ne commence sous l’impulsion de Jodorowsky et Moebius. On découvre ainsi ici que le méta-baron aurait pu ne pas continuer à être le guerrier impitoyable que l’on connaît et avoir une autre vie si son enfant en avait décidé autrement ; que c’est à lui que planète d’Or doit d’être revenue dans le monde réel ; pourquoi John Difool a été choisi pour jouer un rôle prépondérant et que Kill tête de chien a toujours été une bête de sexe…Le tout dans un scénario psychédélique et délirant au possible, pas toujours facile à suivre, qui explore les thèmes du fondamentalisme religieux ou du sens de la vie.

Se confronter à l’univers iconique de Jodo et Moebius était clairement un sacré défi, que les auteurs n’ont réussi qu’à partiellement relever. Car si le travail graphique, impressionnant, de Paquette, se montre clairement à la hauteur, le scénario de Russell, s’il parvient à faire intervenir tous les personnages et les lieux mythiques (comme Suicide-allée ou la cité-Puits) de la série, ne convainc, quant à lui, qu’à moitié : ce psycho-monde défendu par les nonnes n’est, par exemple, pas vraiment l’idée du siècle et certains passages (notamment quand le scénariste livres ses réflexions quasi-philosophiques sur la vie, la mort et la religion) sont tout de même assez confus. Du coup, Mental Incal s’avère divertissant mais pas vraiment marquant.

(Récit complet, 112 pages – Les Humanoïdes Associés)

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